Santé féminine

Fausse couche, mortinaissance : la perte d'emploi mettrait les grossesses en danger

Des chercheurs ont trouvé un lien entre une femme enceinte ou son partenaire qui perd son emploi et un risque accru de fausse couche ou de mortinaissance.

  • Par Camille Sabourin
  • fizkes/istock
  • 29 Sep 2023
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    La perte de son emploi pendant une grossesse - que cela soit celui de la femme enceinte ou de son partenaire - accroît les risques de fausse couche ou les probabilités de la naissance d'un nourrisson sans signe de vie (ou mortinaissance). Les travaux qui ont conduit à cette conclusion, ont été publiés dans la revue Human Reproduction le 28 septembre 2023.

    Perdre son emploi accroît les risques de fausse couche

    Pour cette étude, les chercheurs ont repris les données de l'enquête "Understanding Society" menée auprès de 40.000 ménages au Royaume-Uni entre 2009 et 2022. Elle comprend 8.142 grossesses. Parmi ces dernières, 11,6 % ont abouti à une fausse couche et 0,5 % ont donné lieu à une mortinaissance.

    Sur les 136 femmes qui ont été touchées par la perte de leur propre perte d'emploi ou celle de leur partenaire pendant la grossesse, 23,5 % ont souffert d'un avortement spontané et 0,7 % ont eu un enfant mort-né. Les taux étaient respectivement de 10,4 % et 0,5 % chez les femmes qui n'ont pas rencontré de difficultés professionnelles pendant leur grossesse.

    Ainsi, un licenciement pendant la grossesse semble doubler les risques de fausse couche ou de mortinaissance.

    De plus, les chercheurs soulignent qu'il s'agit d'une association et non d'une relation de cause à effet. "D'autres recherches devraient être menées pour comprendre si la perte de son travail entraîne réellement un risque accru de perte de grossesse", précise la Dr Selin Köksal de l'Institut de recherche sociale et économique de l'université d'Essex dans un communiqué.

    Perte d'emploi : les causes pouvant favoriser les fausses couches

    Les raisons de cette association entre la perte d'un travail et l'impact néfaste sur les grossesses ne sont pas encore claires. Le co-auteur de l'article, le Dr Alessandro Di Nallo de l'université Bocconi (Milan, Italie) avancent plusieurs possibilités. "Les raisons de ces associations peuvent être liées au stress, à une réduction de l'accès aux soins prénataux ou à des changements de mode de vie."

    Il détaille : "Mes recherches précédentes indiquent que la perte d'emploi réduit la probabilité d'avoir des enfants. Cela pourrait être dû au fait que les gens reportent leurs plans d'avoir des enfants dans des conditions d'incertitude économique, mais cela pourrait également être lié à d'autres raisons. Le stress entraîne une réponse physiologique, libérant des hormones connues pour augmenter le risque de fausse-couche ou d'accouchement prématuré. La réduction des revenus à la suite d'une perte d'emploi pourrait restreindre l'accès et le respect des soins prénataux, de sorte que les grossesses à risque soient découvertes tardivement ou ne soient pas détectées. En outre, l'inconfort émotionnel de la perte d'emploi pourrait provoquer des comportements malsains, tels que la consommation d'alcool, le tabagisme ou une alimentation malsaine."

    Emploi : protéger aussi les partenaires pour protéger la grossesse ?

    Pour l'équipe, il est ainsi important de sensibiliser aux droits légaux et à la protection des femmes sur le lieu de travail pendant la grossesse. Les futures mères pourraient ainsi se sentir plus en sécurité et auraient moins de crainte de parler de l'arrivée de leur enfant avec leur employeur.

    Le Dr Köksal estime, par ailleurs, que pour la santé maternelle et fœtale, il pourrait également être intéressant de mettre en place des dispositifs de protection de l'emploi - similaires à ceux des femmes enceintes - pour les partenaires "car nos résultats montrent que la stabilité de l'emploi d'une partenaire est tout aussi importante que la stabilité de l'emploi de la femme au cours de la grossesse". La scientifique ajoute : "en outre, il est logique d'augmenter le soutien économique aux personnes - et à leurs partenaires - qui perdent leur emploi parce que le manque de soutien économique s'avère être l'une des principales causes de stress et de détresse personnelle, ce qui peut éventuellement augmenter le risque de perte de grossesse".

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