Marqueur dans le sang
Insuffisance cardiaque : prédire le risque de décès à 3 ans
Des chercheurs de l'Inserm ont identifé un marqueur sanguin prédictif du risque de décès en cas d’insuffisance cardiaque. L'outil permettrait de sélectionner les malades prioritaires pour une greffe cardiaque.
La sélection des patients devant bénéficier en priorité d’une greffe cardiaque pourrait être améliorée. C'est en tout cas ce que laissent espérer des travaux récents de l'Inserm publiés il y a quelques jours dans la revue scientifique Circulation Research. Ces chercheurs français (1) ont en effet identifié un marqueur sanguin qui pourrait bientôt permettre d’alerter sur un risque accru de décès dans les trois ans en cas d’insuffisance cardiaque. Ce marqueur constituerait un moyen supplémentaire pour évaluer l’urgence d’une greffe de cœur.
Des résultats identiques sur trois cohortes
L’équipe de l'Inserm à l’origine de cette découverte recherche habituellement des biomarqueurs associés aux maladies cardiovasculaires et au risque de décès des patients qui en sont atteints. Ici, ils se sont donc intéressés à des molécules présentes dans le sang, dont la fonction n’est pas connue mais qui sont parfois associées à certaines maladies comme le cancer : les ARN non codants.
Et lors de leurs derniers travaux, ces scientifiques ont voulu tester cette piste dans le domaine cardiovasculaire. Ils ont alors exploité les données relatives à une cohorte française, REVE-2, composée de 246 patients qui ont été victimes d'un infarctus du myocarde. Les chercheurs ont analysé tous les ARN non codants présents dans le sang de ces patients, et ce à plusieurs reprises pendant l’année suivant l’infarctus.
Environ 30 000 ARN non codants différents ont été étudiés. Parmi eux, un seul, le LIPCAR (2), pouvait être fortement associé au remodelage ventriculaire, prédictif d’une insuffisance cardiaque. Sa concentration était en effet bien plus élevée chez les patients connaissant une telle évolution.
Pour confirmer leurs premiers résultats, la valeur de ce marqueur a ensuite été testée chez d'autres patients présentant une insuffisance cardiaque. Pour cela, les chercheurs ont fait appel à deux autres cohortes du CHRU de Lille, composées de personnes âgées en moyenne de 59 ans et présentant ce trouble. Il a ainsi pu être constaté que, chez ces patients, la concentration de LIPCAR était là encore corrélée au risque de mortalité dans les trois ans. « Les patients qui ont une augmentation très importante du niveau de LIPCAR ont plus de risque de mourir pendant cette période que ceux chez qui la concentration est la plus faible, et ce indépendamment de tous les autres facteurs de risque cardiovasculaire », indique Florence Pinet, co-auteur des travaux.
Un outil prometteur pour améliorer le diagnostic des cliniciens
Pour la chercheuse, il s’agit d’un résultat « majeur ». « Nous devons vérifier la pertinence de ce marqueur sanguin dans d’autres cohortes internationales et définir des seuils de risque plus précis. Mais cette découverte s’annonce prometteuse pour fournir aux cliniciens un outil pronostic facile d’utilisation afin de repérer les patients les plus à risque de décès, pour les placer en priorité sur la liste d’attente de greffe de cœur », estime-t-elle.
(1) Unité 744 Inserm/Université de Lille 2/Institut Pasteur de Lille
(2) Long Intergenic non-coding RNA Predicting Cardiac Remodeling (Long ARN non codant intergénique prédisant le remodelage cardique)