Plan d’économies
Marisol Touraine vise 1 opération sur 2 en ambulatoire en 2016
Accélérer le développement de la chirurgie ambulatoire, c’est l’un des leviers sur lesquels mise le gouvernement pour réaliser 10 milliards d’économies dans le domaine des dépenses de santé.
« Je veux doubler le rythme de croissance de la chirurgie ambulatoire, qui permet aux patients d’être soignés dans la journée, sans passer la nuit à l’hôpital quand ce n’est pas justifié. Dès 2016, une opération sur deux pourra être réalisée en ambulatoire ! » Dans les colonnes des Echos ce matin, la ministre de la Santé Marisol Touraine a dévoilé où elle comptait trouver les 10 milliards d’euros d’économies à réaliser en 3 ans sur les dépenses de santé. Le gouvernement table notamment sur l’accélération du développement de la chirurgie ambulatoire pour économiser 1 milliard d’euros d’ici à 2017.
40% de la chirurgie se fait actuellement en ambulatoire
La France n’est en effet pas très en avance par rapport à ses voisins sur cette organisation des soins qui permet aux patients d’être opéré dans la journée et de rentrer chez eux sans passer la nuit à l’hôpital. Actuellement, près de 40 % des séjours de chirurgie sont pris en charge en ambulatoire (49 % dans les cliniques et hôpitaux privés et 23 % dans le secteur public). Pour parvenir à 50% en 2016, la ministre prévoit des objectifs précis par région et par pathologie. Elle cite notamment la chirurgie de la cataracte comme opération pouvant être réalisée dans 100% des cas sans passer la nuit à l’hôpital.
L'âge du patient n'est pas une contre-indication
Les techniques chirurgicales devenant de moins en moins invasives, de plus en plus d’opérations permettent effectivement au patient de rentrer chez lui le soir-même. « Ce n’est plus l’acte en lui même qui est éligible ou non à une prise en charge ambulatoire. C’est le trio acte-patient-organisation du service qui compte bien davantage », expliquait en novembre dernier le Dr Gilles Cuvelier au micro de la webradio médicale Fréquence M. Cet urologue de Quimper a coordonné les recommandations de l’Association française d’Urologie consacrée à la chirurgie ambulatoire. L’état de santé général du patient, qui lui permet ou non de bien supporter l’anesthésie ou encore le fait qu’il ne soit pas seul chez lui la nuit suivant l’opération sont des critères qui comptent aujourd’hui plus que l’âge du patient. « La chirurgie ambulatoire est très indiquée pour les personnes très âgées car elle diminue les risques de confusion post-opératoire », soulignait le Dr Cuvelier.
La chirurgie du cancer a également pris le virage de l’ambulatoire, à la grande satisfaction des patients. Selon le dernier Baromètre cancer réalisé par Viavoice pour l’Institut Curie en septembre dernier, 79% des Français disent préférer cette prise en charge ambulatoire à une hospitalisation classique, surtout les femmes (85%) et les plus de 35 ans (87%) parce qu’elle permet de ne pas isoler la personne malade. De nombreuses opérations des tumeurs du sein, du poumon, du système digestif ou encore de la prostate sont donc maintenant réalisées à la journée. Même certains actes en apparence « lourds » sont faisables en ambulatoire. Par exemple, une équipe du CHU d’Angers pratique de cette façon la pose d’anneau gastrique chez les patients obèses.
L'ambulatoire nécessite une autre organisation
Mais pour conserver la même qualité et la même sécurité des soins en passant à l’ambulatoire, il ne suffit pas que le patient arrive le matin et rentre dormir chez lui sans aucun suivi. Un véritable parcours de consultations avec un médecin, un chirurgien, un anesthésiste et une infirmière doit être organisé et cela nécessite une adaptation des structures de soins. Concrètement, il y a besoin de moins de chambres et de lits mais de plus de salles de consultations.
La transition vers l’ambulatoire nécessite donc dans un premier temps des investissements avant de parvenir aux économies escomptées. Mais à terme, les atouts de la chirurgie ambulatoire ne sont pas seulement économiques. Rentrer chez soi juste après l’opération permet au patient de limiter les risques d’infections nosocomiales et de phlébites post-opératoire puisqu’il reste beaucoup moins allongé. In fine, c’est donc la qualité des soins et la sécurité du patient qui y gagnent, ce qui ne sera pas forcément le cas de toutes les autres pistes d’économies choisies par le gouvernement dans le secteur de la santé.