Dermatologie

Lupus cutané : également associé à une augmentation du risque cardiovasculaire

Les patients atteints de lupus érythémateux cutané (LEC), une forme théoriquement localisée de la maladie, ont un risque cardiovasculaire majoré, similaire à celui observé chez les patients atteints de lupus systémique (LES). Une prise en charge proactive et personnalisée du risque cardiovasculaire est essentielle dans cette population pour prévenir les complications futures.

  • Sviatlana Zyhmantovich/istock
  • 05 Déc 2024
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    Il est démontré que les maladies auto-immunes inflammatoires chroniques, comme le psoriasis et le lupus érythémateux systémique (LES), sont associées à une augmentation du risque cardiovasculaire d'origine athéroscléreuse, en raison de l'inflammation systémique qu'elles provoquent, de la corticothérapie fréquente et peut-être également des auto-anticorps dans le lupus.

    Le lupus érythémateux cutané (LEC), une forme cutanée du lupus, a longtemps été considéré comme une affection localisée à la peau, sans implications systémiques significatives. Cependant, des études antérieures ont suggéré des modifications systémiques chez les patients atteints de LEC, notamment une majoration du risque de syndrome métabolique et de cancer.

    Face à ces contradictions, une large étude rétrospective de cohorte a été menée aux États-Unis pour examiner la prévalence et l'incidence du risque cardiovasculaire chez les patients atteints de lupus érythémateux cutané. Cette étude a comparé ces patients à des témoins appariés exempts de la maladie, ainsi qu'à des patients atteints de lupus érythémateux systémique et de psoriasis, pour contextualiser le risque observé.

    Les résultats, publiés dans JAMA Dermatology, démontrent que les patients atteints de LEC ont une prévalence et une incidence de maladies cardiovasculaires athéromateuses plus élevées que les témoins, et comparables à celles observées chez les patients atteints de LES.

    Une très large étude sur base de données

    Au cours d'un suivi médian de trois ans, les taux d'incidence des maladies cardiovasculaires athéromateuses sont les plus élevés chez les patients atteints de LES (24,8 événements pour 1000 personnes-années), suivis par ceux atteints de LEC (15,2), de psoriasis (14,0) et les témoins (10,3). L'analyse multivariée ajustée pour l'âge, le sexe et les facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels révèle que le risque des maladies cardiovasculaires athéromateuses est significativement augmenté chez les patients atteints de LES (hazard ratio [HR] 2,23) et de LEC (HR 1,32), mais pas de manière significative chez ceux atteints de psoriasis (HR 1,06).

    De plus, les patients atteints de LEC recevant des traitements systémiques auraient un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires athéromateuses que ceux ne recevant pas de traitement, suggérant que la sévérité de la maladie pourrait contribuer à l'augmentation du risque cardiovasculaire. Ces résultats indiquent que le LEC, tout comme le LES, devrait être considéré comme un facteur de risque indépendant pour les maladies cardiovasculaires athéromateuses.

    Une étude de cohorte longitudinale rétrospective

    Cette étude a utilisé les données de la base IBM MarketScan, englobant des patients assurés commercialement aux États-Unis entre 2018 et 2020. Elle a colligé les données sur 8138 personnes atteintes de CLE (appariées avec 24 675 personnes atteintes de lupus érythémateux disséminé, 192 577 personnes atteintes de psoriasis et 81 380 témoins indemnes de maladie) La méthodologie rétrospective et l'utilisation de codes de diagnostic issus des réclamations d'assurance peuvent limiter la précision des diagnostics et la représentation de certains facteurs de risque, tels que le tabagisme ou les données démographiques détaillées comme l'ethnicité. De plus, la cohorte était relativement jeune, avec un âge médian de 49 ans, ce qui pourrait sous-estimer le risque cardiovasculaire absolu dans une population plus âgée.

    Malgré ces limitations, les résultats soulignent l'importance de considérer le LEC comme un facteur de risque cardiovasculaire. Les cliniciens devraient donc envisager des stratégies de réduction du risque cardiovasculaire chez ces patients, incluant le dépistage régulier des facteurs de risque, une gestion agressive des comorbidités telles que l'hypertension et l'hypercholestérolémie, et la promotion d'un mode de vie sain. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer les mécanismes sous-jacents à cette association, le rôle potentiel du tabagisme, et l'impact des traitements spécifiques du LEC sur le risque cardiovasculaire.

     

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