Etude du Massachussetts Institute of Technology

Eternuement : les particules infectieuses « voyagent » très loin

Les particules infectieuses émises lors d’un éternuement ou d’une toux sont projetées bien plus loin que supposé : les plus fines vont jusqu’à 200 fois plus loin grâce à un nuage qui les pousse.

  • Par Audrey Vaugrente
  • MIT/Journal of Fluid Mechanics
  • 16 Avr 2014
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    La main devant la bouche n’est pas qu’une question de politesse quand on éternue ou tousse : c’est aussi une mesure de protection. Et pour cause : selon une étude du Massachussetts Institute of Technology (Etats-Unis), publiée dans l’édition d’avril du Journal of Fluid Mechanics, c’est un véritable nuage de bactéries que l’on expulse.

    Un nuage expulse et accompagne

    « Quand vous toussez ou vous éternuez, vous voyez les gouttelettes, ou vous les sentez si quelqu’un vous éternue dessus. Mais vous ne voyez pas le nuage », explique John Bush, co-auteur de l’article. Ce nuage formé de fluides et d’agents pathogènes transporte les gouttelettes de salive plus loin. Les particules de 100 micromètres de diamètre « voyagent » cinq fois plus loin grâce au nuage. Les plus fines peuvent aller jusqu’à 200 fois plus loin que sans le nuage. C’est en observant des films en accéléré de personnes toussant ou éternuant, mais aussi un utilisant des simulations en laboratoire et des modèles mathématiques, que l’équipe du MIT est parvenue à ces conclusions.

    La ventilation remise en cause

    Les agents pathogènes voyagent donc plus loin que prévu. Selon la chercheuse interrogée par le Figaro, elle pourrait parcourir 6 mètres. Aux yeux des chercheurs, cela remet en question tout une série de conceptions. C’est notamment le cas des systèmes d’aération dans les bâtiments. Au lieu de favoriser la purification de l’air, ils participeraient à la propagation des particules infectieuses. « Vous pouvez être contaminé par une ventilation de manière bien plus directe que ce qu’on pensait jusque là », estime Lydia Bourouiba, co-auteur de l’étude. En effet, le nuage produit par une toux ou un éternuement est « alimenté » par les mouvements d’air que produit la ventilation. Il voyage donc plus longtemps et plus loin. C’est l’ensemble des systèmes de ce type qui devraient être réévalués, si l’on en croit cette étude.

    La prochaine étape du MIT : comprendre comment se forme ce nuage, afin de mieux appréhender la transmission des maladies respiratoires et/ou infectieuses en intérieur. « Nous essayons de rationaliser la distribution des gouttelettes selon leur taille après la rupture des fluides dans les voies respiratoires et à la sortie de la bouche », détaille Lydia Bourouiba. « Cela nécessite de zoomer de près, pour observer avec précision comment ces gouttelettes sont formées et éjectées. » Les chercheurs vont aussi tenter de déterminer si la distance parcourue par les pathogènes dépend de leur nature. « L’empreinte des pathogènes est une caractéristique importante qu’il faudra définir. Où vont-ils vraiment ? La réponse a changé radicalement », précise John Bush. En l’absence de réponse, le meilleur réflexe restera de se couvrir la bouche avec sa manche ou un mouchoir, ce qui évitera de propager sa maladie.

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