Etude auprès de consommateurs

Alcool : la gueule de bois ne sert pas de leçon

Un réveil difficile après une soirée alcoolisée n’a pas une réelle influence sur les comportements : la plupart des consommateurs continueront de boire et même, quelques heures après.

  • Par Audrey Vaugrente
  • 3 films, 3 gueules de bois avec "Very Bad Trip" (Rex Features/REX/SIPA )
  • 05 Mar 2014
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    Combien de gémissements, de regrets et de « Plus jamais » après une soirée trop arrosée ? Avoir mal aux cheveux ne semble pas si punitif qu'on pourrait le penser : nombreux sont ceux qui abandonnent vite leurs promesses pour une nouvelle nuit d'ivresse. Une étude, parue ce 3 mars dans l’édition en ligne de la revue Alcoholism : Clinical & Experimental Research le confirme : la gueule de bois a un très faible impact sur les alcoolisations à venir.

    Quelques heures entre deux alcoolisations

    « Si la gueule de bois encourage à combattre le mal par le mal [en buvant de l’alcool], elle joue peut-être un rôle direct dans l’escalade vers une consommation problématique. D’un autre côté, si la gueule de bois punit et décourage l’alcoolisation, pourquoi les personnes les plus à risque de consommation problématique ne sont-elles pas celles qui vivent le moins de gueules de bois ? » s’interroge le Pr Thomas Piasecki, co-auteur de l’étude.

    Pour lever ce mystère, une équipe de l’université du Missouri (Etats-Unis) a suivi le comportement de 386 consommateurs fréquents. Ils ont tenu un journal électronique pendant 21 jours, rapportant leur consommation alcoolique et ce qui en découle. Dans 20% des cas, la nuit d’ivresse s'est transformée en lendemain de fête. « Notre principale découverte, c’est que la gueule de bois a un effet très relatif sur les alcoolisations à venir. En moyenne, deux épisodes d’alcoolisation ne sont séparés que de quelques heures après la gueule de bois », explique le Pr Piasecki.

    Le plaisir plus fort que la douleur

    Comment expliquer qu’on n’apprenne pas de ses erreurs ? Pour le Pr Damaris Rohsenow, professeur en sciences comportementales et sociales à l’université Brown (Rhode Island, Etats-Unis), l'explication est simple : le plaisir de l’alcool dépasse la douleur du lendemain de fête difficile. « Les gens qui boivent beaucoup ressentent généralement les effets agréables de l’alcool, et c’est ce qui motive la décision de boire beaucoup à nouveau », explique-t-elle. « La douleur de la gueule de bois est temporaire, et elle est perçue comme une nuisance plus qu’une conséquence négative importante. »

    L’étude a cependant levé les ambiguïtés sur le lien entre gueule de bois et alcoolisme. Les lendemains de fêtes trop fréquents pourraient être un marqueur de risque au même titre que la consommation incontrôlée. S’il est inutile pour les médecins d’en parler avec un patient réticent, selon les chercheurs, ceux qui se réveillent trop souvent avec la tête dans le sac devraient s’interroger sur la nécessité de modérer leur consommation.

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