Prix des médicaments

Hépatite C : des patients achètent leur traitement sur des marchés parallèles

Face aux prix trop élevés des traitements contre l’hépatite C, des patients doivent se procurer des génériques sur des marchés parallèles, selon des associations de patients.

  • Par la rédaction
  • Andreus/epictura
  • 18 Mai 2016
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    Accusée de jouer les Cassandre, la Ligue contre le cancer l’annonçait au cours de ses campagnes contre les médicaments onéreux. Le jour viendra où les patients ne pourront plus se soigner à cause du prix des anticancéreux, martelait Jean-Pierre Vernant, au risque de s’attirer les foudres d’autres associations et de patients, estimant que l’homme allait un peu trop loin.

    Ce jour semble pourtant arrivé, à en croire les auteurs d’une autre campagne de communication, qui ne concerne pas les patients atteints de cancer mais ceux qui souffrent d’hépatite C. Un collectif d’associations (Médecins du Monde, AIDES, le Ciss, SOS Hépatites…) sonne l’alarme ce mercredi sur le prix des traitements contre cette pathologie.

    46 000 euros la cure

    « La lutte contre l’hépatite C (VHC) connaît une véritable révolution avec l’arrivée de traitements permettant des taux de guérison spectaculaires. Ces médicaments pourraient permettre non seulement d’éliminer le virus chez toutes les personnes concernées mais aussi, d’un point de vue de santé publique, de vaincre l’épidémie de VHC dans les prochaines années », écrivent les auteurs d’un communiqué.

    Seul hic, et pas des moindre : le prix des traitements en question – le Sofosbuvir en l’occurrence - peut atteindre 46 000 euros, pris en charge par l’Assurance Maladie. Face au gouffre financier que représente un tel traitement, l’Etat a décidé de « rationner » les doses et de ne réserver les prescriptions qu’aux personnes les plus gravement atteintes – celles qui ont une fibrose du foie avancée.

    « Cette restriction d’accès aux soins bafoue notre constitution et nos principes d’accès à la santé. Elle vient également en totale contradiction avec les efforts déployés par ailleurs pour lutter contre l'épidémie de l'hépatite C », dénoncent les associations.

    Génériques

    Mais ce n’est pas tout. Selon le collectif, « de nombreux acteurs proposent actuellement des médicaments génériques aux malades, aux professionnels de santé, aux associations. Le coût d’un traitement de 12 semaines contre l’hépatite C est ainsi accessible pour un premier prix de 550 € contre un prix facial des médicaments princeps de 46 000 € en France, (soit 80 fois plus) ».

    Ainsi, face au rationnement, « des malades sont suivis en France avec des traitements génériques achetés sur un marché parallèle », et ce, alors que « l’importation de médicaments à titre individuel est encadrée par la législation et pose des problématiques de contrefaçon potentielle et d’inégalité d’accès ».

    « Le gouvernement en porte l’entière responsabilité : après 18 mois de rationnement, aucune réponse n’est apportée à ces malades injustement privés d’accès aux soins », justifient encore les auteurs du communiqué qui appellent l’Etat à prendre ses mesures afin de mettre un terme à cette inégalité d’accès aux soins et aux risques associés à l’achat de génériques sur des marchés parallèles.

    « L’Etat possède pourtant tous les outils légaux pour importer ou faire produire des traitements génériques en France », assurent les associations, qui citent le mécanisme de la licence d’office. Ce levier, prévu dans le code de la propriété intellectuelle français, n’a toujours pas été actionné par l’Etat français. Il permettrait pourtant de génériquer le Sofosbuvir. « Pourtant, le gouvernement préfère prolonger le rationnement et l’exclusion des soins, dans l’attente d’improbables baisses des prix des molécules à venir ».

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