Réalité augmentée

Un bras virtuel réduit les douleurs fantômes après une amputation

Une équipe suédoise a mis au point une expérience de réalité augmentée pour les patients amputés. Ils retrouvent un membre virtuel qui les aide à moins sentir des douleurs fantômes.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Ortiz-Catalan et al, Frontiers in Neuroscience, Oscar Mattsson
  • 27 Fév 2014
  • A A

    Une lueur d’espoir pour les personnes amputées qui souffrent de douleur fantôme. Une nouvelle approche qui associe la thérapie du miroir, qui consiste à observer son membre fonctionnel bouger dans un miroir, et la réalité augmentée est décrite dans l’édition du 25 février du journal Frontiers in Neuroscience.

    Reproduire les ordres du cerveau

    Ture Johanson (photo), Suédois de 73 ans, a été amputé du bras il y a 48 ans. Depuis l’opération, il ressentait en permanence des douleurs fantômes. Comme lui, 7 amputés sur 10 ressentent des douleurs chroniques de leur « membre fantôme. » Diverses approches tentent de soulager cette peine, souvent avec peu de résultat. Certaines s’attaquent à la douleur elle-même (médicaments, acupuncture), d’autres à ses causes (thérapie du miroir, réalité augmentée, hypnose…).

    Des chercheurs de la Chalmers University of Technology lui ont proposé de participer à l’expérimentation d’une nouvelle approche. Des électrodes sont placées sur son moignon et récupèrent les signaux électriques des muscles responsables du mouvement de l’avant-bras. Grâce à des algorithmes informatiques, il est possible de recréer un bras virtuel sur ordinateur. Celui-ci s'incruste en temps réel dans la vidéo du patient, dans le prolongement de son moignon. Le cerveau du patient envoie les messages de mouvement, qui se reproduisent à l’écran. Une vidéo montrant l'expérience est disponible avec l'étude.

    Source : Ortiz-Catalan et al, Frontiers in Neuroscience, (Oscar Mattsson)

    Moins de douleurs fantômes

    « Il existe plusieurs caractéristiques dans ce système qui, une fois combinées, peuvent permettre un soulagement de la douleur. Les aires motrices du cerveau responsables du mouvement du bras amputé sont réactivées. Le patient obtient un retour visuel qui « triche » avec le cerveau, qui croit qu’il y a un bras exécutant les commandes. Il se retrouve comme un tout, avec le bras amputé de nouveau à sa place », explique Max Ortiz Catalan, qui a mis en place l’étude.

    Grâce à cette expérience, le patient a ressenti moins de douleurs fantômes. Il a précisé qu’il connaissait des périodes sans souffrir, et qu’il se réveillait moins la nuit à cause d’une crise aiguë de douleur. Autre bénéfice : quand il « sent » sa main fantôme, elle n’est plus « serrée » mais « détendue » et il a le sentiment qu’elle est au bon endroit, non plus attachée au moignon. Il peut même contrôler les mouvements de sa main et les articulations grâce à cette approche.

    Prochaine étape pour l’équipe de Max Ortiz Catalan : l’étude clinique qui sera menée conjointement par plusieurs hôpitaux européens.

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