Riche en graisse
Epilepsie : le régime cétogène au secours des formes résistantes
Contre les formes réfractaires d’épilepsie, une modification radicale de l’alimentation peut être utile. Le régime cétogène est particulièrement efficace chez l’enfant.
Lutter contre les crises d’épilepsie en modifiant l’alimentation. La méthode peut paraître surprenante, mais elle est mise à profit depuis 1921 en neurologie. Cette technique, c’est le régime cétogène. Il consiste à augmenter l’apport en graisses tout en réduisant fortement celui en glucides et en protéines. Elle s’avère particulièrement précieuse pour les enfants dont l’épilepsie résiste aux traitements médicamenteux. A l’occasion de la Journée internationale de l’épilepsie, Pourquoidocteur se penche sur cette approche avec l’éclairage du Dr Christian Korff, Responsable de neuro-pédiatrie aux Hôpitaux Universitaires de Genève (Suisse).
Des crises bien contrôlées
20 à 30 % des épilepsies sont réfractaires aux traitements. Pour les traiter, les neurologues ont parfois recours à un traitement plébiscité par les culturistes ou les adeptes des régimes de stars : le régime cétogène, qui recrée les conditions du jeûne par une modification de l’équilibre des apports. Les lipides sont quatre fois plus consommés que les glucides et les protéines.
Lorsque le corps est privé d’aliments, il puisse dans les tissus graisseux. Le même phénomène se produit dans le cadre de ce régime. Le foie transforme alors cette énergie en corps cétoniques, des métabolites produits par la destruction des graisses. « Ils possèdent des propriétés antiépileptiques grâce à différents mécanismes bien démontrés chez l’animal. Cela aboutit à un bon contrôle de l’épilepsie dans un certain nombre de cas réfractaires au traitement », explique Christian Korff.
Moins efficace chez l’adulte
Le régime cétogène s’adresse principalement aux enfants atteints d’épilepsie résistante. Selon les études, 75 à 90 % des patients ont vu leurs crises diminuer de moitié. Mais l’initiation d’une telle approche ne se fait pas à l’emporte pièce. « On commence toujours par des médicaments classiques, rappelle Christian Korff. Mais de plus en plus souvent, on commence à en parler avec les parents après un ou deux échecs médicamenteux. » D’autant que ce mode d’alimentation peut être suivi à long terme sans impact majeur sur la santé des enfants, notamment sur leur croissance.
L’objectif est aujourd’hui de moduler les régimes en fonction de la réaction des patients, en tentant de les rendre moins stricts si possible. Dans certains cas, des variations peuvent être utilisées, comme le régime Atkins modifié.
Bien mené, le régime cétogène ne comporte pas d’effets secondaires, contrairement aux médicaments. En revanche, il comporte de nombreuses contre-indications.
Si les neurologues concentrent cette approche chez l’enfant, c’est principalement parce que la vie des adultes rend sa mise en place très compliquée. « Cela demande des calculs qu’on ne peut pas forcément réaliser en extérieur, lors d’un dîner chez des amis ou au restaurant », souligne Christian Korff. Mais cette approche n’est pas contre-indiquée et certaines structures la pratiquent. Les bénéfices sont cependant moins marqués : 32 % des adultes répondent à ce type de traitement.