Tissus, organes, prothèses...
2015 : la révolution de l'impression 3D en santé
En 2015, l'impression 3D dans le domaine de la santé a connu un essor considérable. Peau, organes, stérnum, les limites sont sans cesse repoussées.
L'année 2015 serait-elle celle de l'impression 3D ? C'est ce que l'on pourrait penser, si l'on se penche sur toutes les initiatives en trois dimensions qui ont été menées dans le domaine de la santé depuis janvier dernier.
Récemment, le cabinet de conseil Fabulous a estimé que le marché de l'impression 3D en santé représente aujourd'hui 490 millions de dollars. D'ici 2020, il pourrait progresser de 25 % par an, et atteindre les 2,13 milliards de dollars en 2020.
Les produits qui sont peu à peu développés et imprimés pour sauver des vies sont de plus en plus variés.
Prothèses et implants
L'impression des implants et des prothèses est aujourd'hui bien maîtrisée, et se diffuse d'ailleurs rapidement dans l'Hexagone. Par exemple, Maxence, 6 ans, a pu bénéficier cette année de la première prothèse de main imprimé en 3D.
Atteint d'une agnésie de la main, qui entrave le développement de cette dernière, le petit garçon a reçu une jolie prothèse à retirer à sa guise, pour l'aider au quotidien. Il a pu choisir lui même les couleurs, et l'aspect des doigts et de la paume, que le concepteur a ensuite transmis à l'imprimante 3D.
Depuis 2013, 2 000 mains de ce type ont été livrées dans 37 autres pays, grâce à une ONG américaine, Enabling the Future, qui permet une distribution à bas coût de ces prothèses, inférieur à 200 euros.
Plus récemment, c'est un stérnum en titane qui a été conçu pour un patient espagnol. Tout droit sortie de l’entreprise australienne Anatomics, spécialisée dans les équipements médicaux innovants, cette prothèse a été implantée avec succès chez le malade, qui présentait un cas de sarcome presque inopérable.
Ici, l'impression 3D a réellement montré son intérêt chirurgical, car elle a remplacé le sternum affecté par une prothèse parfaitement adaptée à l'anatomie du patient. Contrairement à d'autres prothèses, elle permet de modéliser toutes les complexités de la cavité thoracique de l'individu.
Tissus et organes
Les tissus et les organes humains imprimés, qui peuvent être créés à partir de cellules souches, constituent une des pistes de traitement les plus prometteuses portées par l'impression 3D. En 2015, de vrais progrès ont été réalisés, mais tous n'ont pas encore d'applications médicales concrètes.
L'intervention clinique la plus spectaculaire est peut être celle qui a permis de sauver la vie à trois bébés américains atteints de trachéomalacie. Cette maladie respiratoire mortelle était jusqu'ici sans espoir de guérison. Mais des trachées imprimées en 3D, sortes de tubes confectionnés sur mesure et à base de polymères biodégradables, ont permis aux bébés de retrouver la santé.
Des scanners en trois dimensions de la trachée et des bronches des enfants ont été réalisés puis modélisés, permettant, comme dans le cas du stérnum en titane, de respecter parfaitement la morphologie de chaque patient.
Plus récemment, une nouvelle méthode permettant d’imprimer des strucures en matériaux mous, mise au point par une équipe de l’université Carnegie Mellon aux Etats-Unis, a permis d'imprimer un modèle de fémur, d’artères coronaires ou encore un cœur d’embryon. Pour le moment, cette technique n'a pas été utilisée dans des cas cliniques, mais elle présente de grands espoirs pour l'avenir.
Médicaments 3D
Dernier champ d'application, les médicaments. Pour la première fois en 2015, la FDA, l'Agence américiane de régulation du marché pharmaceutique, a autorisé la mise sur le marché du premier médicament produit en 3D.
Ce sont les malades épileptiques qui devraient en bénéficier. L'autorisation concerne le Spritam, un comprimé à dissoudre dans l’eau et prescrit pour traiter les crises. Aprecia Pharmaceuticals, qui le produit, pourrait le mettre sur le marché en 2016.
L'année à venir s'annonce donc tout aussi prolifique que celle qui s'achève pour le secteur de l'impression 3D en santé. De nouvelles initiatives devraient voir le jour, avec des perspectives cliniques de plus en plus étendues.