Rapport de l’Association des paralysés de France

Accessibilité aux handicapés : les cabinets médicaux montrés du doigt

La moitié des cabinets médicaux et paramédicaux sont toujours inaccessibles aux personnes handicapées. L’Association des paralysés de France dénonce un retard de 39 ans.

  • Par Audrey Vaugrente
  • SINTESI/SIPA
  • 11 Fév 2014
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    Des escaliers infranchissables, un ascenseur inaccessible… Des détails dans l'accès aux cabinets médicaux qui changent tout pour les personnes en situation de handicap. Dans son dernier rapport, publié ce 11 février, l’Association des paralysés de France (APF) émet un « avis de tempête » : les personnes handicapées accèdent toujours difficilement aux équipements du quotidien.

    50 % des cabinets inaccessibles

    La loi handicap de 2005 impose l’adaptation des lieux accueillant du public aux divers handicaps. Si la France a fait des efforts concernant les lieux publics, les cabinets médicaux et paramédicaux sont épinglés cette année encore. Au 1er janvier 2015, tous les cabinets devraient être aux normes, sous peine de sanctions pénales. Mais la moitié d’entre eux sont encore inaccessibles en 2013 aux 9,6 millions de Français en situation de handicap. « Cela fait déjà 39 ans qu’on attend, » peste Nicolas Mérille, conseiller national. Le progrès est encore trop timoré pour l’APF, qui dénonce le retard de cette profession.

    Ecoutez Pascal Bureau, administrateur à l’Association des paralysés de France : « Tout le monde devait depuis 2005 se poser la question. On attendait du médical et paramédical une sensibilité accrue sur cette problématique. »

    L’accessibilité : critère de référence

    La note nationale d’accessibilité des cabinets médicaux accède un petit 5/10. Dans le paramédical, le constat est bien plus sombre : la moyenne n’est pas atteinte. Un bilan que déplore l’APF : alors que la France possède « un des meilleurs systèmes de santé au monde », il reste difficilement accessible aux personnes en situation de handicap. « Aujourd’hui en France, le libre choix de son médecin traitant, de son ophtalmologiste, de son gynécologue ou de son dentiste n’existe pas pour les personnes en situation de handicap ! » grince le rapport. Le critère principal reste le degré d’accessibilité du cabinet et non les compétences du professionnel de santé.

    Ecoutez Nicolas Mérille, conseiller national à l'Association des paralysés de France : « La population qui a le plus besoin d'accès aux soins s'en trouve privée pour des questions d'accessibilité physique. »

     

    Des aménagements possibles

    Des solutions sont pourtant possibles pour les aménagements nécessaires. Les cabinets en retard peuvent déposer un dossier « Agenda d’Accessibilité Programmée » (Ad’Ap) auprès des préfectures. Ils bénéficieront d’un délai supplémentaire pour effectuer les travaux, auxquels ils s’engagent. Par ailleurs, comme l’explique Nicolas Mérille, conseiller national à l’APF, il existe trois motifs de dérogation : les contraintes du bâtiment, la préservation du patrimoine et les difficultés économiques du professionnel de santé. Même dans cette dernière situation, plusieurs scénarios sont envisageables : le gouvernement a mis en place une feuille de calcul qui permet de définir quel budget est acceptable et quels aménagements peuvent être exclus, toujours dans l’objectif de privilégier l’accès au cabinet.

    Ecoutez Nicolas Mérille : « Le document permet deux scénarios : dans le 1er, à 10 000€ ça ne passe pas. Dans le 2e, on supprime les sanitaires et le coût est supportable. »

    Le secteur de la santé n’est pas le seul à poser problème. L’APF dénonce dans son bilan la nécessité pour les personnes handicapées de développer une véritable « ingénierie de déplacement » dans l’ensemble de leurs activités quotidiennes. Ecoles, réseaux de bus ou commerces de proximité sont aussi inaccessibles que les cabinets. C’est aussi le cas des lieux de cultes, souvent inadaptés en raison de leur ancienneté.

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