Décès
Pourquoi le 3 janvier est-il le jour le plus meurtrier en France ?
Une étude de l’Insee révèle des statistiques inédites sur la mortalité en France en fonction des jours et des saisons, avec des différences notables selon les classes d’âge.
Chaque année, le 3 janvier s’impose comme le jour le plus meurtrier en France, selon une récente étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Entre 2004 et 2023, cette date affiche en moyenne 1.900 décès, un chiffre bien au-dessus de la moyenne quotidienne de 1.600. Selon l’organisme, cette période après les fêtes de fin d’année marque en effet le retour des décès hivernaux, amplifiés par le désir apparent de nombreuses personnes en fin de vie de passer un dernier Noël avec leurs proches, et d’atteindre une nouvelle année, avant de s’éteindre.
L'impact de l’hiver et des fêtes de fin d’année sur la mortalité
Ce phénomène s’ajoute à des facteurs saisonniers, puisque l’hiver est naturellement plus meurtrier que les autres saisons, en raison de la circulation accrue de virus comme la grippe. Ainsi, entre novembre et avril, la mortalité quotidienne dépasse régulièrement la moyenne, avec un pic marqué en janvier (+14 % par rapport aux autres mois) et en février (+12 %). Les jeunes étant moins affectés par les épidémies hivernales, elle s’observe surtout chez les plus de 30 ans et augmente à mesure que l’on avance en âge.
À l’inverse, c’est le jour du 15 août, férié et en plein été, qui enregistre le moins de décès dans l’année, avec une moyenne de 1.410, soit 12 % de moins par rapport à l'ensemble de la période. Les jours chômés en général sont moins meurtriers, probablement en raison d’un ralentissement des prises en charge à l’hôpital et des interventions chirurgicales programmées. Bien que les canicules estivales affectent les personnes âgées, les efforts de prévention mis en place depuis 2003 semblent aujourd’hui porter leurs fruits. "L'été, malgré les canicules, est nettement moins meurtrier que l'hiver pour les personnes âgées", relève l’Insee.
Pour les jeunes, en revanche, l’été est plus risqué. Les 18-29 ans sont en effet les plus touchés par les accidents de la route et autres incidents dans les espaces publics qui surviennent lors des beaux jours.
Le syndrome de l’anniversaire
Un autre pic de mortalité intrigue les chercheurs : en comparant les dates de naissance et de décès des personnes mortes entre 1994 et 2023, l'Insee a mis en évidence une hausse de 6 % de la mortalité le jour de leur anniversaire. Ce phénomène, observé en France comme ailleurs, touche surtout les jeunes adultes (18-39 ans), avec un risque accru de 21 %. En Suisse et aux États-Unis notamment, ce "syndrome de l’anniversaire" est associé aux excès de fête – alcool, fatigue – qui favorisent accidents de la route, chutes et incidents cardiovasculaires. Dans certains cas, la tristesse associée à cette date symbolique peut aussi exacerber des troubles psychologiques, comme l’a montré une étude japonaise qui souligne une hausse des suicides ce jour-là.
Une mortalité globale en baisse en 2023
Malgré ces pics et fluctuations saisonnières, la France a enregistré en 2023 une baisse globale de la mortalité, avec 639.300 décès, soit 35.900 de moins que l’année précédente, note l’Insee. Ce recul, après une année 2022 marquée par les vagues de Covid-19, de grippe et de fortes chaleurs, reste néanmoins supérieur de 4 % aux niveaux d’avant-pandémie. En cause, le vieillissement de la population et une stagnation de l’espérance de vie.