Caillot sanguin

Thrombose veineuse : l'hibernation des ours pourrait aider à la soigner

Des chercheurs avancent qu’une protéine, observée chez les ours en hibernation, pourrait être la clé d’un nouveau traitement contre les caillots sanguins et la thrombose veineuse.

  • Par Sophie Raffin
  • Niko_Cingaryuk/istock
  • 17 Avr 2023
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    Que cela soit pour une hospitalisation de plusieurs semaines ou même pour un vol de plus de 8 heures, être immobilisé sur une longue période augmente le risque de développer des caillots sanguins ou une thrombose veineuse chez l’homme. En revanche, l’ours brun peut passer toute la saison froide à dormir dans sa tanière sans aucun souci. Face à ce constat, des chercheurs de l'hôpital de l'université Louis-et-Maximilien de Munich (LMU Klinikum) ont décidé d’étudier plus étroitement les plaquettes sanguines des ours en hibernation. Ils ont découvert que ces animaux présentaient un taux faible d’une protéine baptisée HSP47.

    Hibernation et caillot sanguin : un taux de protéine de choc thermique 55 fois inférieur 

    Pour cette étude parue dans la revue Science le 13 avril 2023, les scientifiques se sont rendus en Suède pour prélever des échantillons de sang à 13 ours bruns : la première fois en plein hiver alors qu’ils hibernaient et la seconde fois l’été pendant leur période d’activité. 

    Ils ont remarqué que durant l'hibernation, "l'interaction entre les plaquettes sanguines et les cellules inflammatoires du système immunitaire est ralentie". Pour le Dr Tobias Petzold qui a travaillé sur cette expérience, ce phénomène "explique l'absence de thrombose veineuse". Son équipe a d'ailleurs remarqué des processus similaires chez des patients paraplégiques ainsi que chez des volontaires sains ayant été alités pendant trois semaines dans le cadre d'une expérience menée par les agences spatiales européenne et américaine. 

    Pour mieux comprendre ce mécanisme, ils ont observé les protéines présentes dans les échantillons sanguins des ours. Dans le détail, le taux de 71 protéines était à la hausse et à la baisse pour 80 autres. Le Dr Johannes Müller-Reif, premier auteur de l’étude, précise dans un communiqué de son université : "la protéine plaquettaire présentant la plus grande différence entre les ours en hibernation et les ours actifs était la protéine de choc thermique 47 (HSP47), dont les niveaux étaient 55 fois inférieurs chez les ours en hibernation".

    Cette protéine est connue pour être présente dans les cellules qui forment les tissus conjonctifs comme les os et le cartilage ainsi que les plaquettes. Elle se fixe entre autres au collagène. Ce qui peut conduire les plaquettes à se coller d’entre elles et à former un caillot.

    Thrombose veineuse : la protéine peut conduire à un nouveau traitement

    Pendant leurs expériences, les chercheurs ont pu montrer que la régulation négative de la HSP47 se produit lors d'une longue immobilisation chez différentes espèces de mammifères : les ours bruns, les porcs, mais aussi les humains. Les faibles niveaux de la protéine réduisent l'interaction des plaquettes et des cellules inflammatoires. Ce mécanisme aiderait à prévenir la thrombose. 

    "En termes biomédicaux, cela signifie que si la protéine HSP47 pouvait être bloquée avec une molécule appropriée chez des patients immobilisés, le risque de thrombose veineuse pourrait éventuellement être évité. Les molécules qui désactivent HSP47 existent déjà en laboratoire", expliquent les scientifiques. Toutefois, ces dernières ne sont pas adaptées à une éventuelle utilisation chez l'homme. Les chercheurs espèrent pouvoir poursuivre leurs travaux et aboutir à de nouveaux traitements contre la thrombose et les caillots sanguins.

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