Dermatologie

Cicatrices : comment bien les soigner pour les atténuer ?

Après une blessure, que faut-il faire pour que votre cicatrice guérisse au plus vite et soit le moins visible possible ? Un dermatologue vous donne ses meilleurs conseils pour une bonne cicatrisation.

  • Par Rafaël Andraud
  • Anna Gorbacheva/iStock
  • 26 Jan 2023
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    Blessure ou accident qui a nécessité des points de suture, intervention chirurgicale, ablation de tumeur… Ces aléas de la vie laissent des traces sur notre épiderme, qu’on appelle cicatrices, et qu’on aimerait qu’elles guérissent rapidement et soient les moins visibles possibles. Pour y arriver, le Dr Michael Freeman, directeur de dermatologie au Gold Coast Hospital et professeur agrégé de dermatologie à la Bond University (Australie), revient sur ce sujet dans un article de The Conversation et nous donne ses meilleurs conseils.

    “La majorité des cicatrices se forment dans les six premiers mois suivant une blessure”, souligne le Dr Freeman. Comme le dermatologue l’explique, ce processus complexe comporte trois phases principales : la phase d’inflammation, de prolifération et de remodelage. Heureusement, il est possible d’intervenir à chaque étape de la cicatrisation afin de favoriser la guérison et minimiser les séquelles.

    Le nettoyage et la désinfection de la plaie, une étape essentielle

    “La phase d’inflammation se produit immédiatement après une blessure. Elle permet d’éliminer les bactéries et d’améliorer l’afflux de sang au niveau de la blessure”, indique le Dr Freeman. Ainsi, le nettoyage et la désinfection d’une plaie sont une étape essentielle à la bonne cicatrisation, afin d’empêcher les bactéries de pénétrer à l’intérieur du corps, ce qui altérerait la qualité de la cicatrisation.

    Si cela est impossible dans l’immédiat, le nettoyage d’une plaie doit être effectué dans les deux heures qui suivent la blessure. Après une chute sur le sol, par exemple, il ne faut surtout pas laisser de saleté à l’intérieur de la plaie, même si cela implique de la frotter avec de l’eau et du savon. “Une application de povidone iodée (vendu sous le nom de Betadine®) aidera par ailleurs à réduire le risque d’activation des spores bactériennes, précise le Dr Freeman. En cas de blessure, notre corps fabrique naturellement une substance aux propriétés antiseptiques, le péroxyde d’hydrogène (H₂O₂).” Malheureusement, l’application externe de péroxyde d’hydrogène peut ralentir la cicatrisation des plaies. “Seul l’emploi de solutions faiblement antiseptiques, contenant par exemple de l’argent, est à même d’avoir une influence positive sur la formation des cicatrices. N’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou à votre pharmacien à ce sujet”, ajoute-il.

    Comment agir sur l'évolution de ma cicatrice ?

    La phase de prolifération, quant à elle, conduit à une multiplication des cellules des vaisseaux sanguins, des cellules de l’épiderme et des fibroblastes. “Ces derniers provoquent une contraction de la cicatrice qui peut ‘plisser’ la peau, explique le dermatologue, cela peut avoir un effet sur l’apparence de la plaie, durant les six mois qui suivent la formation de la cicatrice (au minimum).” Une fois que la rougeur a disparu, les cicatrices ont tendance à être blanches et un peu brillantes.

    Enfin, la phase de remodelage “correspond à la formation de cicatrices hypertrophiques (qui dépassent le niveau de la peau, mais régressent lentement) ou de cicatrices chéloïdes (qui s’étendent au-delà du site de la blessure et ne régressent pas par la suite). Elle est souvent déterminée génétiquement”, indique le professeur australien. En effet, comme il le précise, certaines personnes produisent plus de collagène que d’autres, ce qui peut avoir pour conséquence le développement de cicatrices en relief. La survenue de ce type de cicatrices est aussi en partie liée à la sorte de blessure subie, et aux soins prodigués.

    Hydrogel, pansement, huiles... que faut-il privilégier ?

    “En ce qui concerne les plaies propres et non infectées, l’application d’un hydrogel (un polymère qui retient l’humidité et ne se dissout pas) peut accélérer la cicatrisation. En effet, lorsque la plaie est maintenue humide, la prolifération des cellules cutanées de surface est favorisée. En revanche, sous une croûte dure, leur croissance est ralentie”, détaille le dermatologue. Attention, les gels pour plaies qui contiennent des antiseptiques et des conservateurs sont à éviter, non seulement en cas d’allergie, mais aussi parce que les antiseptiques peuvent freiner la guérison : "Mieux vaut par exemple utiliser un hydrogel adapté à une application sur l’œil."

    Pour les cicatrices dont l’apparence est rouge (donc très irriguées par des vaisseaux sanguins) et qui démangent sont susceptibles de grossir et donc de laisser des marques plus importantes. Le fait de garder la cicatrice couverte, pour améliorer l’hydratation, peut alors faire une grande différence. “C’est pourquoi il est conseillé de couvrir la cicatrice avec un pansement en silicone et un hydrogel durant le plus grand nombre d’heures possible”, recommande le Dr Freeman.

    Les pansements en silicone aident également à mieux gérer les plaies et à la prévention des cicatrices. En alternative, “maintenir la cicatrice humide en utilisant des huiles est plus difficile qu’avec un pansement de silicone, mais cela permet de réduire l’excès de cicatrisation, parfois appelé ‘sur-cicatrice’”, affirme le dermatologue. Si vous êtes sujet aux cicatrices, consultez votre pharmacien, qui pourra vous conseiller des formulations d’hydrogel que vous pourrez utiliser quotidiennement, une fois par jour, en alternant les semaines avec application et les semaines sans application. "Utilisez ce produit sous un pansement de silicone, pour aider à réduire la cicatrice. Votre médecin pourra également vous suggérer une crème de décoloration", poursuit-il. Enfin, il est important d’éviter de surexposer la cicatrice à la lumière du soleil. “Il arrive en effet que les cicatrices deviennent beaucoup plus sombres que le reste de la peau, or les rayons ultraviolets sont le principal facteur évitable concernant ce risque”, conclut le Dr Freeman.

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