Justice
L'association Renaloo dépose plainte « contre les dialyses abusives à Nancy »
L’association de patients Renaloo dépose plainte "pour protéger les malades des dialyses abusives à Nancy".
L’association de patients Renaloo dépose plainte et demande aux pouvoirs publics d’agir pour protéger les malades des "dialyses abusives à Nancy". Au cours de l'été 2023, "Renaloo a été informé qu’un nombre important de patients avaient subi ces dernières années des dialyses en urgence sans nécessité médicale dans un établissement de santé privé lucratif de Nancy. Leur point commun : ils souffraient d’insuffisance rénale aiguë dont le traitement aurait dû imposer des soins médicaux mais en aucun cas la dialyse", écrit l’institution dans un communiqué de presse. "Des expertises médicales ont confirmé ces pratiques maltraitantes mettant en danger les patients et violant leurs droits. Malheureusement, la plupart d’entre eux ignorent à ce jour les abus et les agressions dont ils ont été victimes", poursuivent les militants. Par ailleurs, "la pose de cathéter de dialyse et la réalisation de séances de dialyse non justifiées expose à des risques de complications pouvant aller jusqu’au décès", rappelle Renaloo. "Malgré la gravité des faits pour lesquels ils sont mis en cause, les praticiens incriminés sont toujours en activité. La seule mesure concrète prise par l’établissement après de nombreux échanges avec Renaloo a été la mise sous tutelle depuis novembre 2023 de toute nouvelle prescription de dialyse par un néphrologue extérieur. Cette décision nécessaire n’est pas suffisante", déplorent les membres de l’organisation à but non lucratif. "À notre connaissance, ni l’établissement ni l’ARS Grand Est n’ont réalisé de signalement auprès de la justice, alors que l’article 40 du code de procédure pénale leur en fait l’obligation, empêchant ainsi toute sanction pour les praticiens et toute information des victimes potentielles", ajoutent-ils. Renaloo est une association agréée de patients atteints de maladies rénales. Elle est née sous la forme d’un blog en 2002 à l’initiative d’une malade qui entendait partager son expérience de la dialyse et de la greffe.Renaloo : "le traitement aurait dû imposer des soins médicaux mais en aucun cas la dialyse"
Éric, bénévole à Renaloo et dialysé à juste titre en urgence il y a quelques années, se souvient avec émotion de cette procédure invasive : "ça reste pour moi un moment très douloureux. Sous anesthésie locale, on vous enfonce un trocart de 5 millimètres de diamètre dans le cou et jusqu’à proximité des cavités du cœur. Faire subir cela sans nécessité médicale, ça relève tout simplement de la barbarie".Renaloo : "la réalisation de séances de dialyse non justifiées expose à des risques de complications"
La situation a entraîné des lancements d’alerte dès le printemps 2023. Saisie par Renaloo, la Commission nationale de déontologie et d'alerte en santé publique et environnementale (CnDAspe) a constaté "des actes de maltraitance médicale, une mise en danger de personnes vulnérables et de graves écarts aux bonnes pratiques médicales". Elle a transmis en septembre 2023 l'affaire au procureur de la République de Nancy, au Conseil national de l’ordre des médecins et à l’Agence de la Biomédecine.Renaloo a déposé plainte auprès du procureur de la République de Nancy
Renaloo a donc déposé plainte auprès du procureur de la République de Nancy pour atteinte à l’intégrité du corps humain, mise en danger de la vie d’autrui et abus de faiblesse. "Nos objectifs : une enquête approfondie, l'information des victimes et la prévention de récidives", conclut le collectif.