Bactériocines

Une bactérie de la peau pourrait nous aider à lutter contre l'antibiorésistance

Une substance, produite par une bactérie cutanée très courante, pourrait aider à développer des traitements contre les infections résistantes aux antibiotiques.

  • Par Camille Sabourin
  • Manjurul/istock
  • 24 Nov 2023
  • A A

    Avec plus de 617.000 infections à bactéries résistantes aux antibiotiques en Europe et 120.000 en France, l'antibiorésistance est un problème de santé publique grandissant. Cependant, des chercheurs de l'université de Tromsø (UiT The Arctic University of Norway) ont récemment fait une découverte qui pourrait changer la donne. Elle s'appuie sur l'étude des bactériocines, peptides naturellement produits par certaines bactéries et qui ont des propriétés antibiotiques et donc toxiques pour les autres micro-organismes.

    La substance d'une bactérie de la peau aide à lutter contre l'antibiorésistance

    Lors de leurs expériences, les scientifiques ont découvert une nouvelle bactériocine produite par une bactérie cutanée très courante appelée Staphylococcus haemolyticus. Cette substance "n'est pas produite par tous les S. haemolyticus, mais par l'un des 174 isolats que les chercheurs ont disponibles dans le congélateur", précisent les auteurs dans un communiqué.

    Appelée Romsacin, la bactériocine inhibe la croissance des bactéries résistantes aux antibiotiques. Elle a "une large activité antimicrobienne, à la fois contre les cellules planctoniques et les biofilms bactériens. Romsacin est un contributeur prometteur à la lutte contre les agents pathogènes résistants aux antibiotiques", écrivent les auteurs dans leur article paru dans la revue Microbiology Spectrum.

    Ce peptide antimicrobien, découvert par les chercheurs norvégiens, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de traitement pour les infections difficiles à traiter, selon l'équipe.

    Résistance aux antibiotiques : il faudra des années pour aboutir à un traitement

    Toutefois, bien que la découverte de Romsacin soit prometteuse, les chercheurs soulignent qu'il reste encore beaucoup de travail avant de pouvoir l'utiliser comme médicament chez l'Homme. Il faut d'abord déterminer la structure et le mécanisme d'action de la bactériocine, ainsi que son potentiel thérapeutique lorsqu'elle est utilisée seule ou en combinaison avec d'autres composés.

    "Cela signifie naturellement qu'il y a un long chemin à faire avant que nous puissions dire quoi que ce soit avec certitude. Ce que nous savons déjà, cependant, c'est qu'il s'agit d'une nouvelle bactériocine et qu'elle agit contre certains types de bactéries résistantes aux antibiotiques. C'est excitant", s'enthousiaste la chercheuse Runa Wolden.

    Elle ajoute : "cette découverte est le résultat de quelque chose que nous recherchons depuis plusieurs années. Développer la Romsacin - ou d'autres substances prometteuses - en de nouveaux antibiotiques est très coûteux et peut prendre de 10 à 20 ans".

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----