Bactéries

Cette partie vitale de l'organisme survie à notre mort, selon des chercheurs

Une nouvelle étude révèle que notre microbiote continue de vivre bien longtemps après notre décès.

  • Par Sophie Raffin
  • KatarzynaBialasiewicz/istock
  • 03 Oct 2023
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    Lorsque le cœur cesse de battre et d’assurer la circulation du sang, les organes arrêtent progressivement de fonctionner. Les agents pathogènes constituant le microbiote intestinal semblent, en revanche, peu perturbés par le décès de leur hôte. Une étude, menée par la microbiologiste Jennifer DeBruyn et l’université du Tennessee, montre que ces micro-organismes qui participent à la digestion des aliments ou encore aux défenses unitaires, survivent à notre décès. Ils participent même à la décomposition du corps.

    Microbiote : il reste actif après la mort

    Après le décès, les cellules sans oxygène commencent à s’autodétruire, un processus naturel appelé autolyse. Les bactéries présentes dans le système digestif – alors privées de nourriture – se tournent vers les produits de cette dégradation cellulaire.

    "Les bactéries intestinales, en particulier une classe de microbes appelée Clostridia, se propagent à travers vos organes et vous digèrent de l'intérieur dans un processus appelé putréfaction. Sans oxygène à l'intérieur du corps, vos bactéries anaérobies dépendent de processus de production d'énergie qui ne nécessitent pas d'oxygène, tels que la fermentation. Ceux-ci créent la signature des gazeux, distinctement odorants à la décomposition", explique la Pr Jennifer DeBruyn dans un article parue dans la revue scientifique The Conversation.

    "D'un point de vue évolutif, il est logique que vos microbes aient évolué des moyens de s'adapter à un corps mourant", ajoute-t-elle.

    Le microbiote participe à la décomposition

    Si le corps est enterré, les bactéries du microbiote se mélangent à la terre au fur et à mesure de la décomposition, et doivent alors coexister avec les communautés microbiennes déjà présentes comme celles des plantes ou de la terre. Lors de précédents travaux, l’équipe américaine avait découvert que les signatures d'ADN des microbes associés à un défunt dans des tombes ou le sol environnement. Et cela, parfois des mois ou des années après la décomposition des tissus mous du corps.

    Leur nouvelle recherche a permis de prouver que ces agents pathogènes, ayant constitué le microbiote intestinal, ne sont pas dormants ou inactifs. Ils vivent dans la terre, mais aussi avec les microbes indigènes du lieu pour aider à décomposer le corps.

    "En laboratoire, nous avons montré que le mélange de fluides de sol et de décomposition remplis de microbes associés à l'hôte augmentait les taux de décomposition au-delà de ceux des communautés du sol seules", écrit l’experte.

    Par ailleurs, ces derniers amélioraient aussi le cycle de l'azote. "Les décomposeurs jouent un rôle essentiel en recyclant les formes organiques d'azote telles que les protéines en formes inorganiques comme l'ammonium et le nitrate", explique la professeure. Ces deux éléments sont des nutriments essentiels pour le développement des microbes et des plantes.

    Décomposition : un élément essentiel du cycle de la vie

    Après leurs découvertes sur les activités du microbiote “post-mortem”, les chercheurs rappellent que la décomposition alimente la biodiversité et est un lien important dans les réseaux alimentaires des autres êtres vivants (insectes, plantes, arbres, animaux…).

    “Les microbes décomposeurs convertissent les pools concentrés de molécules organiques riches en nutriments de notre corps en formes plus petites et plus biodisponibles que d'autres organismes peuvent utiliser pour soutenir une nouvelle vie. Il n'est pas rare de voir la vie des plantes s'épanouir près d'un animal en décomposition, des preuves visibles que les nutriments dans les corps sont recyclés dans l'écosystème”, indique la Pr DeBruyn dans son article.

    Ainsi, le microbiote – par sa survie et son action sur la décomposition du corps – fait de nous un élément du cycle de la vie. “Le fait que nos propres microbes jouent un rôle important dans ce cycle est la façon microscopique dont nous vivons après la mort”, conclut la spécialiste en microbiologie.

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