Perturbateurs endocriniens
Ségolène Royal veut éliminer le bisphénol A dans les tickets de caisse
La ministre de l'Ecologie demande au secteur de la distribution et aux banques d'éliminer le bisphénol A dans les tickets, sans attendre une loi.
Si tôt nommée à la tête du ministère de l'Ecologie, Ségolène Royal a trouvé son nouveau cheval de bataille. Lors de la présentation de sa stratégie nationale contre les perturbateurs endocriniens, elle a annoncé des mesures visant à réduire l'exposition de la population et de l'environnement à ces substances chimiques suspectées entre autres d’affecter le développement cérébral du foetus et des nouveau-nés, ou de favoriser l’infertilité.
Parmi les mesures phares annoncées au grand public, la ministre a demandé aux entreprises de distribution et aux banques d’éliminer le bisphénol A dans les tickets de caisse et reçus de carte bancaire, « sans attendre des normes ou des lois. Dans les prochaines semaines, la France va aussi proposer à l’Union européenne de demander la substitution du bisphénol A dans ces tickets », a-t-elle rajouté.
Des mesures de précaution essentielles car manipuler des tickets de caisse imprimés sur papier thermique augmenterait le taux de bisphénol A dans les urines, selon une étude publiée récemment dans le JAMA.
Bientôt une expertise ciblée sur cinq substances suspectes
Par ailleurs, la ministre souhaite aussi un renforcement des contrôles concernant l’éventuelle présence dans les jouets de phtalates, une substance interdite pour tous les jouets destinés aux enfants de moins de trois ans au niveau européen. Enfin, Ségolène Royal a demandé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) une expertise ciblée sur cinq substances « suspectées d’être des perturbateurs endocriniens », dont les methyl-parabènes, utilisés comme conservateurs dans les aliments ou des produits pharmaceutiques.
Bisphénol A : la liste des dangers s'allonge au fil des études
Au final, ces annonces resserrent encore l'étau autour de l'usage du bisphénol en Europe. L’Agence de sécurité sanitaire (Anses) avait en effet annoncé le 25 mars la réévaluation européenne de cette substance chimique de synthèse. Cette requête faisait suite à un avis rendu sur le bisphénol A par l’Agence européenne des substances chimiques (ECHA).
Dans ce texte, l'Agence se déclarait favorable à un classement plus sévère du perturbateur endocrinien, qui devrait donc passer en catégorie 1, de « reprotoxique suspecté » à « toxique pour la reproduction. »
La substance est également signalée comme irritante pour les voies respiratoires, capable de provoquer des lésions oculaires graves et une sensibilisation par contact avec la peau, rappelait l’Anses dans un communiqué.
Enfin, la liste complète des dangers du bisphénol A n'a peut-être pas fini d'être établie. Des chercheurs français de l'Institut de génomique fonctionnelle de Lyon viennent tout juste d'apporter leur pierre à l'édifice de ces travaux. D'après leurs travaux, relayés ce mois ci par le site du Point, ce perturbateur endocrinien pourrait aussi aggraver les maladies métaboliques telles que le diabète ou l'obésité.
Pour rappel, le bisphénol A, également utilisé dans le revêtement des boîtes de conserve et d'objets en plastique, est déjà la cible d'une interdiction qui entrera en vigueur au 1er janvier 2015 en France. En 2013, il avait été banni des objets destinés aux enfants de moins de trois ans.