15 suicides pour 100 000 détenus
Suicides en prison : la France pointe en 5e position
La France est souvent pointée du doigt pour la situation carcérale. Le Conseil de l’Europe situe la France dans le top 5 des pays où le taux de suicide en milieu carcéral est le plus fort.
La France fait partie des mauvais élèves de l’Europe. Selon les statistiques pénales de 2012, publiées ce 29 mars par le Conseil de l’Europe, elle figure dans le top 5 des pays où les détenus se suicident le plus. Le rapport Space I signale d’ailleurs une légère augmentation de ces événements par rapport à 2011.
En France, 60% des décès sont des suicides
En moyenne, sept détenus européens sur 100 000 se suicident. Cela représente un quart des décès en prison. La France fait beaucoup moins bien, souligne ce rapport. Le nombre de suicides pour 100 000 détenus double dans les établissements français, et ces événements comptent pour 60% des décès en milieu carcéral. C’est certes moins dramatique qu'au Luxembourg puisque ce pays pointe à la première position de ce classement, avec 31,1 suicides pour 100 000 détenus. Mais la particularité au Luxembourg, c'est que 100% des décès en détention sont des suicides.
Le Monténégro et la Finlande complètent le « podium » des pays où les détenus se suicident le plus avec un peu plus de 20 événements pour 100 000 détenus. Là encore, ils représentent 60 et 77% des décès en prison. La Slovénie, en quatrième position, arrive à peu près au même constat qu’en France.
Source : Conseil de l'Europe, Space 1 (2012)
Un « milieu hyper conflictuel »
Dans un rapport consacré aux suicides en prison, l’Association des professionnels exerçant en prison (APSEP) avance plusieurs explications à ce phénomène. Ils citent en premier lieu le choc de l’incarcération. On observe en effet qu’un quart des suicides surviennent dans les 2 mois suivant l’incarcération. Dans le cadre des détentions de plus de 8 mois, la moitié des suicides surviennent au cours du premier semestre. La lenteur de la justice pénale pour les « simples » prévenus doit être prise en compte.
Les conditions de vie en prison justifient aussi une bonne part de ces événements ; l’APSEP décrit un « milieu hyper conflictuel de plus en plus libéral et déstructuré. » La nature de la population carcérale elle-même compte : il s’agit en immense majorité d’hommes – plus radicaux dans leurs décisions, jeunes – une population particulièrement à risque, et d’une population défavorisée et fragile.
Toujours selon l’APSEP, il faudrait donc réduire le nombre de détentions provisoires, améliorer la qualité de l’accueil des nouveaux détenus, élaborer une prise en charge sociale et développer des espaces de parole pour prévenir les suicides.