Couplé à une thérapie génique

Un implant cochléaire amélioré permet de retrouver une ouïe fine

Des chercheurs australiens ont mis au point un implant cochléaire couplé à une thérapie génique. Il permettra aux porteurs de retrouver la capacité à écouter les nuances de la musique.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Cellules qui sécrètent les neurotrophines (vert) et nerf cochléaire réparé (rouge)
  • 24 Avr 2014
  • A A

    Grâce aux implants cochléaires, il est possible de retrouver une partie de l’audition. Mais rien ne permet de récupérer la perception des nuances de ton ou des mélodies. Des chercheurs publient ce 24 avril dans Science Translational Medicine les résultats d’une étude novatrice : ils suggèrent d’utiliser les implants comme support d’une thérapie génique. L’objectif à terme : faire repousser les nerfs auditifs qui entourent les électrodes.

    Injection d’ADN

    Les terminaisons des nerfs auditifs peuvent se régénérer si des protéines, les neurotrophines, sont présentes dans la cochlée. C’était impossible de le reproduire artificiellement jusqu’à aujourd’hui. Depuis 5 ans, une équipe de l’université de la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) tente de développer une thérapie génique qui s’appuie sur les implants cochléaires et qui permet ainsi de retrouver une partie de l’ouïe. « Personne n’avait essayé d’utiliser l’implant lui-même pour une thérapie génique », précise le Pr Gary Housley, principal auteur de l’étude. Cette approche consiste à injecter de l’ADN dans la cochlée au moment de l’implantation. Lorsque le dispositif s’active et envoie des impulsions électriques, l’ADN est transporté dans les cellules autour des électrodes, celles qui produisent des neurotrophines.

    « Des sons plus dynamiques et variés »

    Les premières tentatives, menées sur des cochons d’Inde totalement sourds, ont été couronnées de succès. Dans l'avenir, les personnes équipées pourraient même différencier le son d’un triangle et celui d’un piano. « A terme, nous espérons que les porteurs d’implants cochléaires pourront entendre des sons plus dynamiques et plus variés, ce qui est très important dans notre appréciation de l’environnement sonore et de la musique », estime le Pr Housley.
    Une telle technique n’aurait en plus qu’un faible impact sur la durée de l’opération : « Il est possible, à l’avenir, que cet approvisionnement en gènes n’allonge que de quelques minutes la procédure d’implantation », explique Jeremy Pinyon, premier auteur de l’étude. Le chirurgien chargé de l’installation du dispositif n’aurait qu’à injecter une solution d’ADN dans la cochlée avant l’activation de celui-ci.

    Traiter la dépression

    La portée d’une telle étude va bien au-delà de l’audition. D’autres outils « bioniques » comme des électrodes, utilisées en stimulation crânienne profonde en traitement de la dépression ou de la maladie de Parkinson, pourraient être utilisés de la même manière. « La thérapie génique a été proposée en traitement possible de maladies neurologiques dévastatrices », anticipe le Pr Matthias Klugmann, co-auteur de l’étude. « Notre technologie fournit une nouvelle plateforme pour un transfert sûr et efficace des gènes dans des tissus délicats comme le cerveau. » Pour cela, plusieurs années de recherche seront encore nécessaires.

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