Hépatologie
Stéatose hépatique : risque de mortalité doublé mais de causes surtout non-hépatiques
La stéatose hépatique (MASLD) serait associée à un doublement du risque de mortalité toutes causes confondues, notamment par cancers non-hépatiques et maladies cardiovasculaires. Une prise en charge précoce et multidisciplinaire est donc essentielle.

- Jian Fan/istock
La maladie hépatique stéatosique associée à une dysfonction métabolique (MASLD) représente la première cause de maladie hépatique chronique dans le monde, avec des répercussions majeures sur la morbidité et la mortalité. Pourtant, la plupart des études antérieures étaient limitées par leur taille ou leur focalisation exclusive sur la mortalité liée au foie.
Cette étude nationale suédoise, publiée dans le Journal of Hepatology, a inclus plus de 13 000 patients avec un diagnostic formel de MASLD entre 2002 et 2020. Le résultat principal indique un taux de mortalité globale presque deux fois supérieur à celui de la population générale (HR = 1,85 ; IC à 95 % : 1,74-1,96), avec des risques relatifs très élevés pour les décès par carcinome hépatocellulaire (CHC ; HR = 35,0 ; IC à 95 % : 17,0-72,1) et maladies hépatiques hors CHC (HR = 26,9 ; IC à 95 % : 19,4-37,3).
Cependant, en termes absolus, la majorité des décès sont dus à des cancers extra-hépatiques (incidence cumulée sur 15 ans : 7,3 %) et des maladies cardiovasculaires (7,2 %).
Nombre de causes sont associée à la mortalité ce qui nécessite une approche multidisciplinaire
Au-delà de ces résultats essentiels, cette étude montre que la MASLD augmente le risque de décès lié à de nombreuses autres causes, notamment infections, maladies respiratoires et troubles endocriniens. Ainsi, sur une période de suivi médiane de 4,7 ans, la mortalité globale est de 12,4 % chez les patients MASLD contre 7,7 % chez les témoins appariés.
Chez les patients atteints de cirrhose compensée, 30 % des décès sont liés à une maladie hépatique ou un CHC, alors que chez les patients avec une cirrhose décompensée, ce chiffre atteint 37 %. Les résultats soulignent également une absence de surmortalité liée aux troubles mentaux. Bien que les données ne portent pas sur des traitements spécifiques, la prise en charge multidisciplinaire précoce apparaît nécessaire et sûre pour réduire cette surmortalité généralisée.
Une très large étude de cohorte suédoise
Cette étude repose sur une cohorte nationale suédoise de grande envergure, avec 13 099 patients MASLD diagnostiqués via des registres médicaux nationaux fiables et appariés à près de 119 000 témoins issus de la population générale. La méthodologie robuste inclut une analyse par régression de Cox pour déterminer les risques relatifs et des incidences cumulées ajustées aux risques concurrents sur une période de 15 ans. Cependant, l'étude présente certaines limites : absence de données sur la sévérité exacte de la fibrose hépatique, sélection probable des cas vers des patients suivis en milieu hospitalier ou spécialisé, et un risque potentiel de sous-estimation des cas MASLD non diagnostiqués parmi les témoins. Malgré ces limites, les résultats sont représentatifs et généralisables à des contextes contemporains.
Selon les auteurs, ces résultats soulignent l'importance d'une prise en charge multidisciplinaire précoce, intégrant médecins généralistes, hépatologues, cardiologues, oncologues et professionnels paramédicaux afin d'identifier précocement les patients à haut risque et mettre en œuvre des stratégies préventives ciblées. En outre, l'estimation précise des risques absolus de décès fournie par cette étude permet aux cliniciens d'informer adéquatement les patients sur leur pronostic et d’orienter efficacement les politiques de santé publique. À l'avenir, la recherche devrait s’attacher à préciser les bénéfices d’une prise en charge multidisciplinaire précoce sur la réduction effective de la mortalité liée à la MASLD.