Onco-Digestif
Cancer colorectal localisé : l’aspirine peut-elle guérir les patients ?
Chez des patients atteints de cancer colorectal localisé de stade II ou III avec mutation de PIK3CA, l’ajout d’ASPIRINE en adjuvant a montré une amélioration non significative de la survie.
- Mohammed Haneefa Nizamudeen/iStock
De nombreuses études rétrospectives ont montré un potentiel intérêt de l’aspirine pour diminuer le risque de récidive des patients atteints d’un adénocarcinome colorectal, en particulier en cas de mutation de PIK3CA. Il n’y avait jusqu’à présent pas de données prospectives randomisées permettant d’évaluer l’intérêt de cette stratégie.
Dans cette étude de phase III présentée à l’ESMO 2024, Pr U. Güller et al ont montré une amélioration non significative de la survie sans récidive avec l'ajout d'ASPIRINE en adjuvant pour les patients atteints d’un adénocarcinome colorectal avec mutation de PIK3CA.
Un recrutement incomplet
Dans cette étude, 112 patients ont été randomisés pour recevoir de l'ASPIRINE (74 patients) ou un placebo (38 patients), contre 185 prévus initialement. Le recrutement n'a pas pu être mené à son terme en raison de contraintes financières et l’essai a été fermé prématurément. Il a été nécessaire de rechercher la mutation de PIK3CA chez 1 040 patients. Les patients avaient tous un adénocarcinome colique de stade II ou III avec une mutation activatrice de PIK3CA sur l'exon 9 ou l'exon 20. Les patients recevaient de l'ASPIRINE 100 mg quotidiennement pendant 3 ans dans le bras expérimental.
Après un suivi médian de 4 ans, 19 patients ont montré une récidive. Le hazard ratio pour la survie sans récidive était à 0,57 (IC 90 % = [0,27-1,22], p = 0,11) en faveur du groupe recevant l’aspirine, soit une tendance à l’amélioration non significative. Les taux de survie sans récidive à 3 ans et 5 ans étaient respectivement de 88,3 % (IC 90 % = [80,1-93,3]) et 96,5 % (IC 90 % = [77,7-92,0]) dans le bras expérimental contre 82,4 % (IC 90 % = [68,3-90,7]) et 72,9 % (IC 90 % = [55,7-84,3]) dans le bras contrôle.
Des données prometteuses
Cette tendance était retrouvée également au niveau de la survie globale avec un hazard ratio à 0,70 (IC 90 % = [0,23-2,12], p = 0,3). Il est également intéressant de noter qu'aucun effet indésirable grave associé à la prise d'aspirine n'a été constaté.
En l'absence d'amélioration significative de la survie sans récidive, cette étude est à considérer comme négative. Cet échec est possiblement dû au manque de puissance lié à la fermeture prématurée de l'étude. Le bénéfice entrevu semble malgré tout intéressant, avec un traitement peu coûteux et une très faible toxicité attendue. Il sera intéressant de regarder les résultats des autres études en-cours évaluant cette question.