Hématologie

Grossesses après greffe de moelle : elles seraient possibles selon une étude

Après une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (alloHCT), et malgré les problèmes de fertilité liés aux traitements, les patientes peuvent tomber enceintes et donner naissance à des enfants en bonne santé. Ce constat souligne l'importance de donner des conseils en fertilité mis à jour dès le diagnostic initial et tout au long du traitement.

  • inarik/istock
  • 16 Jul 2024
  • A A

    Chez les patientes qui ont eu une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (alloHCT), les problèmes de fertilité liés aux traitements admis comme constants. Une analyse de registre en Allemagne montre que ces patientes peuvent tout de même être enceintes et donner naissance à des enfants en bonne santé.

    Ce constat, publié dans la revue Blood, réfute l'idée largement répandue que les grossesses après une allogreffe de moelle sont quasi impossibles, soulignant la nécessité d'une mise à jour des conseils donnée à ces femmes en matière de fertilité.

    Des traitements théoriquement générateurs d’infertilité

    L'alloHCT implique la transplantation de cellules souches provenant d'un donneur sain chez des patients atteints de cancers hématologiques ou de troubles hématologiques non cancéreux. Grâce aux améliorations des procédures, le nombre de survivants à long terme a augmenté, notamment chez les jeunes adultes désireux d'avoir des enfants. Cependant, la morbidité liée à la greffe, l'utilisation prolongée de différents médicaments immunosuppresseurs et l'exposition à des radiothérapies ou chimiothérapies à forte dose posent des risques significatifs pour la fertilité.

    Dans la plus grande étude réalisée sur ce sujet à ce jour à l'Hôpital Universitaire Carl Gustav Carus, à Dresde, les données de 2 654 femmes âgées de 18 à 40 ans ayant eu une allogreffe de cellules souches hématopoïétique (alloHCT ) ont été analysées rétrospectivement pour estimer les taux de grossesse et de naissance, et en identifier les facteurs associés.

    Un taux annuel de première naissance six fois plus bas qu’en population générale

    Parmi les participantes de l'étude, 50 femmes ont signalé 74 grossesses, dont 57 ont abouti à des naissances vivantes, avec un délai médian de 4,7 ans entre la greffe et la première grossesse. La probabilité de grossesse serait positivement corrélée avec un âge jeune au moment de l'allogreffe (femmes âgées de 18 à 35 ans), l'âge médian de la grossesse étant de 29,6 ans.

    Bien que le taux annuel de première naissance pour ce groupe soit six fois plus bas que celui de la population générale allemande, ces résultats contestent le consensus selon lequel la grossesse est impossible après une allogreffe de moelle.

    Parmi les grossesses enregistrées, 72 % étaient spontanées. Cependant, certaines patientes n'avaient pas pris de mesures pour prévenir la grossesse parce qu'elles avaient été informées que la conception n'était pas possible après ce type de greffe. Ces découvertes soulignent l'importance d'éduquer les patientes sur la restauration potentielle de la fertilité après une allogreffe de moelle pour éviter des grossesses non planifiées.

    Quelles explications ?

    Les facteurs associés à une première naissance vivante incluent un conditionnement à intensité réduite, des greffes pour des hémopathies non malignes, et une irradiation corporelle totale faible ou absente.

    Parmi les 52 grossesses suivies, des complications maternelles sont survenues dans 25 cas, les plus fréquentes étant de nature vasculaire (prééclampsie, œdèmes et hypertension). Bien que ces complications n'excèdent pas le risque de la population générale, une surveillance interdisciplinaire rapprochée est recommandée.

    Les résultats fœtaux collectés de 44 grossesses sont généralement positifs, sans augmentation des taux de maladies infantiles ou de retards de développement par rapport à la population générale. Cependant, des taux plus élevés de naissances prématurées et de faible poids de naissance ont été observés. Dix grossesses ont abouti à des naissances prématurées, principalement entre 28 et 32 semaines de gestation. Six nouveau-nés avaient un faible poids de naissance, dont un avec un poids très faible.

    En pratique

    Les résultats de cette étude montrent que les femmes qui ont eu une allogreffe de moelle osseuse peuvent avoir des grossesses à terme et sans complication majeure. Ces résultats offrent une base pour conseiller les jeunes femmes en âge de procréer et les sensibiliser aux différentes techniques de procréation assistée afin que les patientes puissent mener une vie normale après une alloHCT.

    Il est à noter que des études prospectives sont nécessaires pour approfondir la compréhension de l'impact des traitements pré-alloHCT sur la fertilité des jeunes patientes atteintes de cancer. Cette connaissance aidera à évoluer vers un traitement plus individualisé, équilibrant l'efficacité antitumorale avec la minimisation de la toxicité et la préservation de la fertilité.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----