Rhumatologie

Gonarthrose : pas d'effet clinique ou structural des injections de concentrés plaquettaires

Chez les adultes souffrant de gonarthrose légère à modérée, le traitement par concentrés plaquettaires n'améliore pas significativement la douleur du genou et ne ralentit pas la progression de la maladie dans une étude randomisée avec un concentré standardisé.

  • Ralf Liebhold/istock
  • 23 Nov 2021
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    Les concentrés plaquettaires (PRP) sont un produit du sang contenant des taux élevés de facteurs de croissance et de cytokines qui seraient susceptibles de modifier les processus biologiques impliqués dans la pathogénèse et les symptômes de l'arthrose. Bien que les PRP soient de plus en plus utilisés dans l'arthrose du genou, les preuves de leur intérêt clinique sont limitées.

    Dans cet essai clinique randomisé du JAMA, bien mené, avec un concentré plaquettaire standardisé, sur 288 adultes souffrant de gonarthrose légère à modérée, le traitement par PRP (3 injections intra-articulaires à une semaine d’intervalle), comparé à des injections placebo (sérum physiologique), n’entraîne qu’un changement moyen des scores de la douleur du genou de -2,1 contre -1,8 sur une échelle de 11 points (plage de 0 à 10) et un changement moyen du volume du cartilage tibial médial de -1,4% contre -1,2% à 12 mois. Aucune des deux comparaisons n’est statistiquement significative.

    Un essai randomisé et standardisé

    Cet essai clinique randomisé, contrôlé versus placebo, investigateurs et malades en aveugle, a recruté en ambulatoire des adultes australiens (n = 288), âgés de 50 ans ou plus, et souffrant de gonarthrose médiale symptomatique (grade 2 ou 3 de Kellgren et Lawrence). Le traitement testé a consisté en 3 injections intra-articulaires à intervalles hebdomadaires soit de PRP (utilisant un produit standardisé du commerce) (n = 144 participants), soit de placebo (sérum physiologique) (n = 144 participants).

    Les deux principaux critères d’évaluation sont : la variation à 12 mois des scores moyens globaux de la douleur au genou (échelle de 0 à 10 points ; différence minimale cliniquement significative de 1,8) et la variation en pourcentage du volume du cartilage tibial médial, évaluée en imagerie par résonance magnétique (IRM).

    Trente et un critères secondaires (25 symptomatiques et 6 évalués par IRM) ont évalué la douleur, la fonction, la qualité de vie, le changement global et les structures articulaires lors du suivi à 2 mois et/ou 12 mois.

    Des plaquettes riches en facteurs de croissances

    Les plaquettes sont riches en facteurs de croissance, tels que platelet-derived growth factor, epidermal growth factor, insulin-like growth factor, transforming growth factor β1, vascular endothelial growth factor, and basic fibroblast growth factor. Ces substances ont des propriétés anabolisantes protéiformes, notamment la capacité de remodeler les os et les vaisseaux sanguins et de favoriser l'angiogenèse, la synthèse du collagène et la chondrogénèse. L'ensemble de ces processus serait impliqué dans la guérison après une atteinte traumatique musculo-squelettique.

    Les concentrés plaquettaires sont longtemps apparus comme un traitement séduisant car dérivé des propres cellules du patient, ce qui évite tout risque de rejet immunitaire, et parce qu'il peut être administré in loco dolentis.

    Les essais cliniques des PRP dans l'arthrose les ont généralement comparés à des injections d'acide hyaluronique et peu d'essais ont comparé les PRP à des injections intra-articulaires de placebo avec des résultats dans les essais disponibles très disparates. Face à ce constat, l'American College of Rheumatology et l'Osteoarthritis Research Society International recommandent de ne pas utiliser les PRP dans l'arthrose, tandis que l'American Academy of Orthopaedic Surgeons formule une recommandation « limitée ».

    En pratique

    Cette étude randomisée en double aveugle avec des concentrés plaquettaires standardisés est donc négative dans la gonarthrose sur ses critères principaux et c’est la 2ème de ce type publiée dans le JAMA (après une étude récente sur l’arthrose de cheville). La possibilité d'un bénéfice éventuel sur certains des critères secondaires (amélioration auto-déclarée de la douleur et de la fonction), ainsi que les résultats contrastés des études précédentes, empêche d'écarter totalement les concentrés plaquettaires dans la gonarthrose, mais s’il y a bénéfice, il sera marginal ou uniquement chez certains malades.

    Les concentrés plaquettaires (PRP) sont un exemple de découverte, prometteuse en laboratoire qui n’a pas ensuite été validée dans des essais randomisés chez l'homme, ni dans la gonarthrose, ni dans l’arthrose de cheville, ni dans les tendinites (épicondylite ou tendinite d’Achille).

    Jusqu'à ce que d'autres essais randomisés, utilisant des concentrés plaquettaires standardisés apportent des preuves d'efficacité, il serait prudent de suspendre l'utilisation des concentrés plaquettaires dans l'arthrose (et la tendinite d'Achille).

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