Neurologie

Myasthénie généralisée résistante : bénéfices d’un anticorps anti-CD19

L'inebilizumab, anticorps monoclonal ciblant les lymphocytes B CD19+, améliorerait significativement les symptômes des formes srésistantes de la myasthénie généralisée. RAch+ et MuSK+

  • Nemes Laszlo/istock
  • 11 Avr 2025
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    La myasthénie auto-immune est une maladie où les lymphocytes B autoréactifs (y compris les plasmablastes et les plasmocytes sécrétant des anticorps) produisent des auto-anticorps qui affectent la transmission neuromusculaire postsynaptique en ciblant les récepteurs de l'acétylcholine ou des molécules apparentées. La plupart des patients ont une myasthénie grave généralisée avec une faiblesse musculaire fluctuante et environ 80 % ont des anticorps détectables contre les récepteurs de l'acétylcholine (RAch+) ; cependant, un pourcentage plus faible (7 à 10 %) a des anticorps détectables contre la kinase spécifique des muscles (muscle-specific kinase ou MuSK+).

    Bien que les patients avec différents sous-types d'anticorps puissent souffrir de symptômes cliniques similaires, les caractéristiques immunopathologiques sous-jacentes sont distinctes. On pense que les plasmocytes à longue durée de vie (CD19+ et, plus communément, CD20−) sont la principale source d'auto-anticorps des récepteurs de l'acétylcholine, tandis que les plasmablastes à courte durée de vie (CD19+ et CD20+) pourraient être la principale source d'auto-anticorps des kinases spécifiques des muscles.

    Des formes résistantes aux traitements traditionnels

    Malgré les traitements disponibles (corticoïdes, immunosuppresseurs classiques, thymectomie, inhibiteurs du complément et antagonistes du récepteur Fc néonatal), certains malades restent réfractaires, justifiant la recherche de nouvelles approches thérapeutiques ciblées.

    L'essai MINT, présenté au congrès 2025 de l’American Academy of Neurology et publié dans le New England Journal of Medicine, a évalué l'efficacité de l’inebilizumab, un anticorps monoclonal ciblant spécifiquement les lymphocytes B CD19+, y compris les plasmablastes et les plasmocytes producteurs d’autoanticorps. À 26 semaines de suivi, l’inebilizumab réduit significativement le score des activités quotidiennes MG-ADL par rapport au placebo (−4,2 vs −2,2 points ; différence ajustée : −1,9 [IC à 95% : −2,9 à −1,0] ; p<0,001).

    Amélioration chez les patients anticorps anti-récepteur à l’acétylcholine et anti-MuSK

    Les autres résultats ont confirmé l’efficacité clinique de l’inebilizumab. Ainsi, le score clinique QMG (Quantitative Myasthenia Gravis), évaluant la sévérité des symptômes, a également diminué davantage dans le groupe traité (−4,8 vs −2,3 points ; différence ajustée : −2,5 [IC à 95% : −3,8 à −1,2] ; p<0,001). Cette amélioration clinique est observée aussi bien chez les patients porteurs d’anticorps anti-récepteur à l’acétylcholine que chez ceux avec anticorps anti-MuSK, bien que la différence ne soit pas statistiquement significative pour le score QMG chez ces derniers.

    À 52 semaines, les bénéfices sont maintenus chez les patients anti-récepteur à l’acétylcholine (différence de −2,8 points MG-ADL et −4,3 points QMG par rapport au placebo). Concernant la tolérance, les effets indésirables les plus fréquents sous inebilizumab sont légers à modérés (céphalées, toux, rhinopharyngite, réactions à la perfusion, infections urinaires) et similaires en fréquence aux effets observés sous placebo. Aucune différence d’effets indésirables graves n’a été notée entre les deux groupes.

    Une perfusion tous les 6 mois

    Ces résultats proviennent de l’étude de phase 3 MINT, randomisée, en double aveugle contre placebo, ayant inclus 238 patients adultes atteints de myasthénie généralisée, positifs aux anticorps anti-récepteur à l’acétylcholine ou anti-MuSK. Le traitement consistait en des perfusions de 300 mg intraveineuses d’inebilizumab à J0, J15 puis 6 mois d’intervalle associées à une décroissance programmée des corticoïdes. Cette méthodologie solide, adaptée à la pratique clinique courante visant à réduire l’exposition prolongée aux corticoïdes, renforce la représentativité et la validité externe des résultats.

    Selon les auteurs, ces données justifient d’envisager une intégration rapide de l’inebilizumab dans l’arsenal thérapeutique disponible pour les formes de myasthénie généralisée résistantes ou insuffisamment contrôlées par les traitements actuels. La poursuite de l’étude en phase ouverte pendant trois années supplémentaires permettra de préciser davantage les bénéfices à long terme et le profil de sécurité de cet anticorps monoclonal.

     

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    JDF

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