Rhumatologie

Douleur résiduelle de la PR en rémission : un anti-JAK la réduirait particulièrement

Le baricitinib, au-delà de ses propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices, démontre des effets antinociceptifs significatifs dans la douleur résiduelle chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde en rémission. Cet effet serait obtenue en ciblant les cellules immunitaires, neuronales et gliales, suggérant une approche thérapeutique prometteuse pour la gestion de cette douleur… et d’autres.​

  • Trifonov_Evgeniy/istock
  • 13 Mar 2025
  • A A

    La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire chronique caractérisée par une inflammation articulaire et une douleur inflammatoire. Malgré un traitement efficace de l'inflammation, de nombreux patients en rémission inflammatoire continuent de ressentir des douleurs chroniques. Des études cliniques ont montré que le baricitinib, un inhibiteur de la Janus kinase (JAK 1 et 2), procure un soulagement de la douleur résiduelle qui ne peut être entièrement attribué à ses effets anti-inflammatoires.

    Dans une étude publiée dans ARD et utilisant un modèle murin d'arthrite induite par des anticorps contre le collagène (CAIA), caractérisé par une hypersensibilité douloureuse persistant au-delà de la résolution de l'inflammation articulaire, le baricitinib réduit l'inflammation articulaire induite par la CAIA. Ses effets antinociceptifs sont particulièrement prononcés lors de la phase tardive, période durant laquelle l'étanercept, un anti-TNF, s’avère inefficace.

    Modulation de la morphologie des cellules gliales et de l'excitabilité neuronale

    Au plan inflammatoire, l'administration précoce et tardive du baricitinib diminue significativement la perte osseuse induite par la CAIA, l'innervation synoviale et la phosphorylation basale de STAT3 dans les articulations de la cheville et les ganglions de la racine dorsale (DRG).

    Contrairement à l'étanercept, le baricitinib réduit également le comportement douloureux et l'hyperinnervation synoviale lorsqu'il est administré exclusivement en phase tardive. De plus, le baricitinib module la morphologie des cellules gliales et l'excitabilité neuronale in vitro. Notamment, il inhibe la signalisation de l'AAK1 dans les ganglions de la racine dorsale, l'inhibition de l'activité kinase de l'AAK1 offrant un effet antinociceptif dans le modèle CAIA.

    Vers une nouvelle prise en charge de certaines douleurs résiduelles de PR

    Cette étude a utilisé le modèle murin d'arthrite induite par des anticorps contre le collagène (CAIA), classiquement utilisé pour tester diverses hypothèses dans la polyarthrite rhumatoïde. Dans le cas présent, il s’agissait d’évaluer les effets du baricitinib sur la douleur résiduelle associée à la PR en rémission. Les résultats suggèrent que le baricitinib exerce des effets antinociceptifs en ciblant non seulement les cellules immunitaires, mais aussi les neurones et les cellules gliales, via l'inhibition de deux voies de signalisation liées à la douleur chronique.

    Selon les auteurs, ces découvertes pourraient conduire à des changements dans la pratique médicale, en encourageant l'utilisation du baricitinib pour gérer la douleur résiduelle chez les patients atteints de PR, indépendamment de son effet anti-inflammatoire sur les articulations. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats chez l'homme et pour explorer les mécanismes sous-jacents à ces effets antinociceptifs.

    Douleur résiduelle ou douleur nociplastique ?

    La douleur nociplastique désigne une douleur résultant d'une altération du traitement de la douleur par le système nerveux central, sans lésion tissulaire évidente ni inflammation persistante. Contrairement à la douleur nociceptive (due à une lésion ou une inflammation) et à la douleur neuropathique (liée à une lésion des nerfs), la douleur nociplastique est secondaire à une dysfonction de la modulation de la douleur dans le cerveau et la moelle épinière. Elle serait liée à une dysfonction des voies de la douleur avec hyperactivité des neurones impliqués dans la transmission de la douleur et diminution des mécanismes inhibiteurs naturels.

    Une altération des neuromédiateurs y est également observée avec augmentation des neurotransmetteurs excitateurs comme le glutamate et la substance P, et diminution des neuromédiateurs inhibiteurs comme la sérotonine et la noradrénaline. Le rôle des cellules gliales semble important avec activation anormale de la microglie et des astrocytes dans la moelle épinière et le cerveau, favorisant une neuroinflammation.

    La reconnaissance de la douleur nociplastique comme entité spécifique a permis de mieux comprendre et traiter la fibromyalgie, en insistant sur la modulation centrale de la douleur plutôt que sur une approche uniquement anti-inflammatoire ou analgésique classique.

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF

    -----