Pneumologie
BPCO : il faut s’intéresser aux bouchons muqueux
La détection et la mesure des bouchons muqueux au scanner thoracique, ainsi que leur ablation ont un impact non négligeable sur l’amélioration de la fonction respiratoire et constituent, un pas de plus vers la médecine personnalisée dans la BPCO. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.
Plusieurs travaux publiés en novembre 2024 ont fait le point sur l’intérêt de la recherche de bouchons muqueux au scanner thoracique et de leur impact au cours de la BPCO. Trois études se sont particulièrement penchées sur le sujet. La première, publiée dans l’American Journal Respiratory Critical Care Medicine a démontré l’intérêt de la recherche des bouchons muqueux dans la prévention des exacerbations des patients atteints de BPCO. La deuxième a été publiée dans l’European Respiratory Journal a étudié deux cohortes de patients atteints de BPCO et l’association avec l’éosinophilie les bouchons muqueux et les symptômes cliniques et la troisième a été publiée dans l’American Journal of Critical care Medicine et a cherché à démontrer le lien entre la présence de bouchons muqueux au scanner thoracique et les exacerbations de BPCO.
Quid des bouchons muqueux
Le professeur Arnaud BOURDIN, responsable du service Pneumologie, Allergologie et Oncologie thoracique au Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, explique que le sujet des bouchons muqueux est « à la mode », et que lui-même travaille actuellement sur le sujet. Il souligne que les bouchons muqueux sont toujours observés au même endroit dans les propres bronches d’un même patients. Il s’agit d’un phénomène entretenu, les bouchons muqueux étant constitués de leucocytes, qui ne vivent que très peu de temps, ce qui suggère un renouvellement de ces bouchons muqueux. Arnaud BOURDIN ajoute que, si on enlève les bouchons muqueux, on observe une amélioration de la fonction respiratoire, les bouchons muqueux étant à l’origine d’un cortège d’ennuis tels que les exacerbations ou l’augmentation de la mortalité. Il précise que les scanners thoraciques sont depuis longtemps réalisés chez les patients asthmatiques ou atteints de BPCO et qu’ils doivent désormais être utilisés pour la recherche de ces bouchons muqueux. D’autre part, deux biothérapies ont déjà montré leur efficacité sur la destruction des bouchons muqueux : le teplizumab et le dupilumab. Pour Arnaud BOURDIN, il s’agit d’un sujet intéressant et accessible à tous les praticiens.
Tout faire pour réussir à les enlever
Arnaud BOURDIN explique que la mesure des bouchons muqueux est très chronophage, puisqu’elle nécessite au moins 20 minutes par scanner et par patient. Il précise donc que l’avenir appartient à l’intelligence artificielle et à la création d’un algorithme facilitant la mesure de ces bouchons muqueux, ce qui permettrait d’harmoniser les résultats. Le fait qu’ils soient accessibles à la thérapeutique en fait un sujet incontournable. De plus, il ajoute que la présence de bouchons muqueux n’est pas liée aux symptômes du patient : les expectorations ne sont pas synonymes de bouchons muqueux et vice versa. Tous les patients doivent donc bénéficier de la recherche de bouchons muqueux au scanner, d’autant plus que leur élimination est associée à l’amélioration de la fonction respiratoire. Il faut donc tout faire pour réussir à les enlever.
En conclusion, ces travaux très pragmatiques sur les bouchons muqueux doivent enthousiasmer les praticiens à leur recherche, leur mesure et leur élimination. Cela doit faire partie intégrante de la prise en charge personnalisée des patients atteints de BPCO, avec l’objectif d’améliorer leur fonction respiratoire et donc leur qualité de vie.