Neurologie
SEP : liens avec les traumatismes crâniens majorés par une susceptibilité génétique.
Une nouvelle étude confirme les observations précédentes d'une association dose-dépendante entre les traumatismes crâniens et l'augmentation du risque de SEP et ajoute un nouvel aspect de cette association en révélant des effets synergiques entre les traumatismes crâniens récents et les gènes HLA associés à la SEP.
- Aleksej Sarifulin/istock
De vastes études basées sur des registres ont signalé une possible association entre un traumatisme crânien et un risque accru de sclérose en plaques (SEP). Cependant cette donnée est assez controversée et la plupart des études sont anciennes.
L’objectif de cette étude était d’évaluer les interactions possibles entre un traumatisme crânien, les gènes HLA de susceptibilité associés à la SEP et leur relation avec le risque de développer une SEP.
Une analyse cas-témoins
Les auteurs ont utilisé une cohorte issue de la population suédoise à travers une étude cas-témoins (2 807 cas incidents, 5 950 appariés). Le génotype HLA était disponible pour 2057 cas et 2887 contrôles). Les sujets avec ou sans antécédents de traumatismes crâniens autodéclarés ont été comparés en ce qui concerne le risque de SEP, en calculant les OR avec des intervalle de confiance à 95% à l'aide modèles de régression logistique.
Une interaction additive entre le traumatisme crânien, HLA-DRB1*1501 et l’absence de HLA-A*0201, a été évaluée en calculant la proportion attribuable (AP) en raison de l'interaction.
Un sur-risque de SEP de 30%
Les résultats ont montré que des antécédents de traumatisme crânien seraient associés à un risque accru de 30 % de développer ultérieurement une SEP (OR 1,34, IC 95% 1,17 à 1,53), avec une tendance montrant risque accru de SEP avec l'augmentation du nombre d’impacts (p=0,03).
Il a été également observé des effets synergiques entre un traumatisme crânien récent et HLA-DRB1*15:01 ainsi que l'absence de HLA*02:01 par rapport au risque SEP (chaque AP 0,40, IC à 95 % 0,1 à 0,7).
Un traumatisme crânien récent chez les personnes présentant les deux facteurs de risque génétiques ont rendu le risque 18 fois plus élevé de SEP que chez les personnes n’ayant aucun facteur génétique de suceptibilité ou d’antécédent de traumatisme crânien (OR 17,7, IC à 95 % 7,13 à 44,1).
Une association possible
Les auteurs concluent en une association probable entre les antécédents de traumatisme crânien et un risque accru de SEP, notamment chez les patients porteurs d’une susceptibilité génétique HLA.
La principale limitation de cette étude est due au caractère déclaratif retrospectif des traumatismes craniens et de l’absence de quantification de leur sévérité mais elle a le mérite de rouvrir un vieux débat sur ce sujet.
Référence :
Head trauma results in manyfold increased risk of multiple sclerosis in genetically susceptible individuals Johansson E, et al. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2024;0:1–7. doi:10.1136/jnnp-2023-332643