Cholestérol : à traiter seulement en cas de risque élevé pour le cœur

Publié le 04.04.2016
Mise à jour 11.10.2023
Cholestérol : à traiter seulement en cas de risque élevé pour le cœur
Mukhina1/iStock

Le cholestérol est indispensable à l’organisme, mais à la « bonne quantité » et de la « bonne qualité ». En cas de rupture de cet équilibre, le risque de maladie cardiovasculaire est réel et il doit être prévenu, avec ou sans traitement médicamenteux.

Cholestérol : COMPRENDRE

Des mots pour les maux
Le cholestérol est un corps gras, que les médecins appellent aussi « lipide ».
L’excès de cholestérol s’inscrit souvent dans un trouble des lipides : « dyslipidémie » ou « hyperlipidémie ».
Il est présent dans le corps sous 2 formes : le « LDL-cholestérol », parfois appelé « mauvais cholestérol », et le « HDL-cholestérol », ou « bon cholestérol ».
Le cholestérol circule dans le sang sous forme d’agrégats de lipides et de protéines, ou « lipoprotéines ».
Le dépôt de cholestérol dans les parois des artères aboutit à la constitution des « plaques d’athérome » qui, quand elles se multiplient, forment « l’athérosclérose » artérielle, ou « maladie athéroscléreuse ».

Qu'est-ce que le cholestérol ?

Le cholestérol est un corps gras, ou « lipide », qui est normalement présent dans notre organisme. En particulier, il participe à la constitution des membranes des cellules et il est très présent dans les cellules nerveuses et le cerveau. Il est également indispensable à la fabrication de différentes hormones et de la vitamine D.
Le cholestérol est à la fois fabriqué par notre organisme, et apporté par l’alimentation. Les besoins de l’organisme et des cellules en cholestérol sont quotidiens, mais limités. Une certaine quantité de cholestérol rentre donc chaque jour dans les cellules, mais quand la quantité nécessaire est rentrée à l’intérieur de la cellule, le cholestérol en excès reste dans le sang (« hypercholestérolémie ») où il peut s’accumuler.
Différents facteurs peuvent conduire à une « hypercholestérolémie », au premier rang desquels on trouve le déséquilibre alimentaire (alimentation trop riche en graisses animales essentiellement), l’hérédité et diverses maladies.
Le cholestérol existe sous différentes formes dans le sang : le « LDL-cholestérol », appelé aussi « mauvais cholestérol », qui favorise la formation de dépôts sur la paroi des artères (« athérosclérose »). L’autre fraction, le « HDL-cholestérol », ou « bon cholestérol », a plutôt un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires. Ces notions sont toutes relatives et correspondent en réalité à un sens de transport du cholestérol : le LDL-cholestérol transporte plutôt le cholestérol du foie, où il est fabriqué, vers les tissus où il est utilisé, et le HDL-cholestérol est plutôt chargé de ramener le cholestérol en excès vers le foie pour y être recyclé.
Le cholestérol circule dans le sang surtout sous forme d’agrégats de lipides et de protéines, appelés « lipoprotéines », dont certaines sont associées à un risque plus important de dépôts dans la paroi artérielle.

Quelles sont les conséquences d’un excès de cholestérol dans le sang ?

Des maladies et des obstructions des artères peuvent apparaître lorsque l’excès de cholestérol dans le sang dure trop longtemps (effet « cumulatif ») : le cholestérol va alors se déposer dans la paroi des artères, un peu comme le calcaire se dépose sur les parois d’un tuyau lorsque l’eau est trop riche en calcaire : c'est l'athérosclérose.
Le risque cardiovasculaire provoqué par ces dépôts de cholestérol est favorisé également par l’existence concomitante d’autres facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension artérielle, tabagisme, diabète, obésité…) qui abîment les artères, mais aussi le genre (les hommes ont plus de risque) et l’hérédité. A partir d’une certaine masse, ils vont provoquer une réaction inflammatoire et immunitaire dans la paroi artérielle qui participe de la croissance des plaques d’athérome.
Par ailleurs, au fil du temps, ces plaques d’athérome s’ulcèrent régulièrement, ce qui déclenche l’agrégation des plaquettes du sang pour former un caillot sur la plaque. Une cicatrisation fibreuse se fait ensuite et, au fil des phases d’ulcération-cicatrisation, la plaque d’athérome va s’épaissir, se charger en cholestérol et rétrécir la lumière de l’artère, qui peut finir par se boucher.
Cette occlusion de l’artère peut se faire progressivement ou brutalement et, dans ce dernier cas, elle provoque un « accident ischémique aigu », ou « infarctus », dans l’organe concerné par l’athérosclérose : les cellules en aval du bouchon ne sont plus irriguées par le sang riche en oxygène et en nutriments, et vont mourir. Dans le cœur, cela provoque un « infarctus du myocarde », dans le cerveau, cela provoque un « accident vasculaire cérébral ischémique », ailleurs cela peut boucher une artère des jambes (« artérite des membres inférieurs »), une artère du pénis (« troubles de l’érection »), des intestins (« infarctus mésentérique ») et des reins.

Quelles sont les causes d’un excès de cholestérol dans le sang ?

Un grand nombre de facteurs peuvent être responsables d’une augmentation de la concentration du mauvais cholestérol, le LDL-cholestérol, dans le sang.
Même s’il existe une grande variabilité génétique de la susceptibilité d’une personne aux effets de l'alimentation, il peut s’agir en premier lieu d’une alimentation trop riche en cholestérol et en graisses d’origine animale (beurre, charcuteries grasses, fromages…). Ce lien direct a été démontré par l’étude des populations qui sont passées rapidement d’une alimentation précaire, ou surtout végétarienne, à une alimentation trop riche, de type occidental, avec beaucoup de graisses animales : beaucoup d’adultes ont été affligés de troubles des lipides dans le sang.
De la même façon, le surpoids et l’obésité, du fait des troubles de l’alimentation auxquels ils sont associés, sont des facteurs de risque d’hypercholestérolémie.
Une activité physique quotidienne insuffisante (sédentarité) est un facteur de risque d’hypercholestérolémie, autant que de surpoids.
L’hérédité joue un grand rôle à travers une vulnérabilité familiale aux dépôts de cholestérol dans la paroi des artères, en fonction de l’alimentation, mais aussi en raison de l’existence de certaines formes « d’hypercholestérolémie familiale » où le cholestérol est très en excès du fait d’une anomalie de son métabolisme et ce, dès le plus jeune âge, avec un risque majeur d’accidents cardiovasculaires précoces.
Le genre est un facteur de risque d’hypercholestérolémie, et les hommes ont un taux de cholestérol-LDL plus élevé que les femmes.
Certaines maladies comme le diabète, l'hypothyroïdie, les maladies du foie, l’insuffisance rénale, peuvent augmenter les taux de LDL-cholestérol dans le sang. Il en est de même pour certains médicaments (corticoïdes…).

Qu’est-ce qu’un facteur de risque cardiovasculaire ?

Différents consensus d’experts et des études scientifiques ont identifié une série de facteurs, ou anomalies, qui favorisent très nettement le développement d'une maladie du cœur ou des vaisseaux (athérosclérose et accidents cardiovasculaires). Ces facteurs peuvent être pris en compte pour déterminer un niveau de risque d’accident cardiovasculaire. Les différents facteurs de risque cardiovasculaires peuvent être modifiables ou non modifiables.
• Parmi les facteurs de risque non-modifiables, il y a l’âge (plus de 50 ans pour un homme ou plus de 60 ans pour une femme) et le sexe masculin, ainsi que les antécédents familiaux de maladie cardiaque précoce (infarctus).
• Parmi les facteurs de risque modifiables, il y a le tabagisme, l’hypertension artérielle (même traitée), un diabète de type 1 et surtout de type 2, et un taux sanguin de HDL-cholestérol inférieur à 0,40 g/l (un taux supérieur à 0,60 g/l est protecteur). Dans certains cas, l’élévation du taux de cholestérol peut être associée à une augmentation du taux de triglycérides dans le sang, qui est un autre corps gras.
L’objectif est donc de réduire le risque cardiovasculaire total en agissant sur les facteurs de risque qui sont modifiables (à la différence du sexe, de l’hérédité et de l’âge) et celui qui est le plus contributif d’après toutes les grandes études est le taux de LDL-cholestérol.

Qu’est-ce qu’une hypercholestérolémie familiale ?

Parmi les hypercholestérolémies, l’étude FAST-MI (étude longitudinale sur les infarctus du myocarde en France) nous rappelle qu’il faut aussi se méfier des formes familiales.
Il ne s’agit pas tant de la forme majeure de l’hypercholestérolémie familiale, dite « homozygote », où les 2 chromosomes porteurs de gènes de la régulation du cholestérol sont anormaux : les signes cliniques y sont évidents (lésions de la peau, des yeux et des tendons) et elle est diagnostiquée dès l’enfance. Mais il s’agit plutôt de la forme hétérozygote, où un seul chromosome de la paire concernée est anormal et où le taux de cholestérol est moins élevé mais depuis l’enfance : dans ce cas, c’est un problème d’exposition cumulée des artères au cholestérol qui fait que l’accident cardiovasculaire survient chez l’adulte de la quarantaine.
Cette hypercholestérolémie familiale hétérozygote est plus insidieuse et ne se révèle en général chez l’adulte jeune qu’en cas de dosage du cholestérol dans le sang (soit fortuit, soit avant la prise de pilule ou en cas de grossesse ou d’opération chirurgicale), mais FAST-MI nous montre que, même modérée, cette exposition cumulée donne des accidents cardiovasculaires plus précoces et dont l’évolution est plus grave du fait de la longueur de l’exposition des artères à l’hypercholestérolémie. Ce risque lié à une exposition cumulée a été confirmé dans l’étude de Framingham, un suivi prospectif de référence sur une population d’un comté américain qui en est à sa 3e génération de personnes suivies.
Ces formes d’hypercholestérolémies familiales hétérozygotes sont largement sous-diagnostiquées et leur dépistage est critique au vu de leur risque cardiovasculaire majoré : il est basé sur le dosage du cholestérol chez les personnes qui ont des antécédents familiaux d’hypercholestérolémie familiale ou d’accident cardiovasculaire à un âge précoce.

Cholestérol : DIAGNOSTIC

Quand faut-il évoquer une anomalie du métabolisme du cholestérol ?

Une élévation du taux de cholestérol dans le sang et une athérosclérose sont le plus souvent évoquées devant la survenue d’une souffrance des cellules en aval d’un rétrécissement artériel : angine de poitrine pour le rétrécissement d’une artère coronaire, accident ischémique transitoire pour une artère cérébrale, claudication des membres inférieurs pour une artère de jambe, hypertension artérielle pour une sténose d’une artère rénale et dysfonction érectile pour un rétrécissement sur une artère honteuse.
Malheureusement, parfois d’emblée, si rien n’est fait, l’hypercholestérolémie sera évoquée lors de la survenue d’un « accident vasculaire ischémique aigu » : un « infarctus du myocarde » dans le cœur, un « accident vasculaire cérébral de type ischémique » dans le cerveau, une « ischémie aiguë d’un membre inférieur », un « infarctus mésentérique » au niveau des artères digestives.
L’idéal est donc de rechercher une hypercholestérolémie en cas de facteurs de risque cardiovasculaire (hypertension artérielle, tabagisme, diabète, obésité) ou surtout en cas d’antécédents familiaux d’accident cardiovasculaire ou d’hypercholestérolémie.

Comment diagnostiquer une hypercholestérolémie ?

Parfois, des dépôts de lipides assez banaux sont observés : un arc cornéen chez une personne de moins de 60 ans, un dépôt de couleur chamois (jaune pâle ou beige) apparaissant à l’angle nasal de la paupière supérieure chez une personne de moins de 60 ans et qui correspondent à un dépôt de cholestérol.
Plus rarement, et surtout dans les hypercholestérolémies familiales, il est possible d’observer des nodosités sur les tendons extenseurs des doigts ou le tendon d’Achille (« xanthome tendineux »), voire au niveau de la peau (« xanthome plan cutané »).
En cas d’hypertriglycéridémie très importante associée, on pourra avoir des douleurs abdominales en rapport avec une augmentation de volume du foie liée à la surcharge en graisse (« hépatomégalie » par « stéatose hépatique »), voire une pancréatite aiguë.
C’est la prise de sang avec la réalisation d’un « bilan lipidique » qui va permettre de poser le diagnostic. Ce bilan est orienté en fonction de l’enquête familiale, qui doit rechercher une dyslipidémie ou un accident cardiovasculaire précoce chez un apparenté, une maladie associée (hypothyroïdie, cholestase, alcoolisme, insuffisance rénale chronique) ou un traitement concomitant (cyclosporine, corticoïdes, rétinoïdes, interféron alpha, traitement antirétroviral dans le SIDA, certaines biothérapies dans la polyarthrite rhumatoïde) induisant une dyslipidémie secondaire et de la présence d’un ou plusieurs facteurs de risque coexistant (calcul du risque cardiovasculaire absolu).

Cholestérol : TRAITEMENT

Quels sont les principes du traitement d’une hypercholestérolémie ?

Toutes les hypercholestérolémies ne sont pas à traiter avec un médicament, et en particulier, surtout pas les formes secondaires (hypothyroïdie, cholestases, maladies du foie, insuffisance rénale…), qu’il faut éliminer auparavant.
Par contre, toutes les hypercholestérolémies doivent bénéficier d’une rééquilibration de l’alimentation, au détriment des graisses animales, et d’un développement de l’activité physique.
Le bénéfice de ces mesures est certain : dans les années 1970, le nord de la Finlande détenait le record mondial de la fréquence des infarctus du myocarde avec un taux cinq fois plus élevé que celui d'une ville comme Toulouse. Les pouvoirs publics ont pris la décision de transformer l'industrie laitière et de faire de l'éducation diététique quotidienne de la population : ils ont réussi à normaliser le taux de cholestérol 30 ans après. En France, en trente ans, les campagnes d’information sur le cholestérol et l’alimentation ont fait passer le taux moyen de cholestérol total de 6 g/l à 5,4 g/l, alors que parallèlement, la surcharge pondérale et l’obésité croissaient.
La prise en compte des autres facteurs de risque cardiovasculaire est essentielle (hypertension artérielle, diabète, tabagisme…) : un tabagisme éventuel doit être interrompu et un surpoids doit être corrigé.
Le développement d’une activité physique est également très important, car il améliore la façon dont le corps gère les aliments qui lui sont apportés. Il ne s’agit pas nécessairement de sport, cela peut être une augmentation de la marche quotidienne à plus de 10 000 pas par jour et la pratique d’une activité physique de loisir (danse, bicyclette…).
Les hypercholestérolémies qui sont à traiter avec un médicament sont donc uniquement celles qui persistent élevées en dépit d’un rééquilibrage de l’alimentation correctement respecté et celles qui s’accompagnent d’un risque cardiovasculaire majoré : or, c’est sur la définition de l’hypercholestérolémie à risque que la polémique s’est faite ces dernières années. Le nombre de malades à traiter va, en effet, varier très largement en fonction des critères de gravité qui seront pris en compte.

Pourquoi faut-il traiter une hypercholestérolémie ?

Parmi les facteurs de risque d'athérosclérose et d’accident cardiovasculaire, le cholestérol est un facteur très « rentable » à traiter car, du fait de la présence d’un « noyau de cholestérol » dans la plaque d’athérome, un traitement par un anti-cholestérol fait rapidement diminuer le volume de cette plaque, il agrandit la lumière de l’artère et il améliore le flux sanguin.
Le lien entre risque cardiovasculaire et taux sanguin de LDL-cholestérol est « continu », c’est-à-dire que le risque croît proportionnellement au taux de LDL-cholestérol dans le sang. Cette relation a été très largement démontrée par plusieurs très larges études de référence comme l’étude Framingham, l’étude européenne SCORE plus récemment, et également des études françaises. La plupart des controverses actuelles n’ont donc aucun fondement. Chez les sujets à risque élevé, les médicaments, en abaissant le taux de LDL, réduisent de 30% le risque d'accident cardiovasculaire. Mais les taux de LDL cholestérol ne sont pas seuls en cause. En France, comme ailleurs, quatre facteurs de risque principaux expliquent plus de trois quarts des événements coronaires aigus (cholestérol et dyslipidémies, hypertension artérielle, tabagisme et diabète). Il faut donc tenir compte du « terrain », c’est-à-dire des autres facteurs de risque cardiovasculaire associés et des antécédents familiaux. Dire que seuls les malades qui ont eu un infarctus doivent être traités est une assertion partisane, qui va contre une montagne de données scientifiques : par exemple, un diabétique dont l’hypercholestérolémie n’est pas traitée risque très gros, même s’il n’a pas eu l’accident cardiovasculaire que l'on cherche justement à éviter.
Mais toutes les hypercholestérolémies ne sont pas à traiter, et en particulier surtout pas les formes secondaires (hypothyroïdie, maladies du foie, insuffisance rénale…), qu’il faut éliminer auparavant.

Qu’est-ce qu’une hypercholestérolémie à risque ?

Les hypercholestérolémies qui sont à traiter avec un médicament sont donc uniquement celles qui résistent au rééquilibrage de l’alimentation et qui s’accompagnent d’un risque majoré.
Il y a consensus sur les critères de risque qui font grimper le score de risque cardiovasculaire total : celui-ci est déterminé par une formule qui pondère l’importance des facteurs de risque (hypertension artérielle, âge, sexe masculin, diabète, tabagisme…). Cette pondération des différents facteurs de risque a été établie par 2 grandes études qui sont concordantes : l’étude de Framingham et l’étude européenne SCORE.
La formule du calcul du risque total combine plusieurs facteurs de risque et aboutit à un score de « risque absolu » élevé, soit parce que le taux de mauvais cholestérol est très élevé, soit parce qu’il y a des antécédents personnels ou familiaux d’accident vasculaire (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral…), soit parce qu’il y a une association à d’autres facteurs de risque, et en particulier le diabète.
Dans ce cas, les données scientifiques démontrent le bénéfice majeur d’un traitement hypocholestérolémiant, type statine, sur le risque de maladie cardiovasculaire et de décès précoce, sans aucune équivoque.

Quels sont les objectifs du traitement d’une hypercholestérolémie ?

Les objectifs du traitement étaient autrefois définis en fonction du profil de risque et il s’agissait d’abaisser le risque jusqu’à un objectif qui n’était pas toujours atteignable, ce qui était frustrant pour les médecins et inquiétant pour les malades.
Les nouvelles recommandations américaines changent la donne : il n’y a plus d’objectifs thérapeutiques, mais des populations à risque et une gradation des moyens thérapeutiques. L’objectif général est d’abaisser le LDL-C d’au moins 50%. Les statines les plus puissantes sont donc conseillées en premier en cas d’athérosclérose, mais les statines génériquées qui réduisent les LDL-C de 30 à 50% sont utilisées en cas de mauvaise tolérance des premières ou dans les autres cas.
La suppression des objectifs chiffrés, inférieurs à 100 mg/dl ou même à 70 mg/dl, est liée au constat des experts qu’il n’y a pas de données randomisées démontrant leur intérêt en prévention primaire, comme en prévention secondaire. De plus, il n’y a pas grand-chose à dire à un malade qui a changé son style de vie à risque et qui prend correctement son traitement par statine. Mais il faudra continuer à doser le cholestérol pour l’observance.
Il y a donc désormais 4 principaux groupes de malades à traiter avec une statine, car les données scientifiques disponibles y démontrent un bénéfice qui dépasse très largement les inconvénients :
Maladie cardiovasculaire par athérosclérose,
LDL-cholestérol supérieur à 190 mg/dl, comme dans les hypercholestérolémies familiales,
Diabète, même en l’absence d’athérosclérose, chez les malades entre 40 et 75 ans avec un LDL-C compris entre 70 et 189 mg/dl,
La 4e catégorie, en l’absence de maladie cardiovasculaire ou de diabète évident, repose sur le calcul du score de risque cardiovasculaire absolu et est encore en cours de discussion par la communauté scientifique : actuellement, le seuil d’intervention est trop bas et le risque de sur-traitement est réel : il est défini par un LDL-cholestérol compris entre 70 et 189 mg/dl et un score de risque cardiovasculaire à 10 ans supérieur ou égal à 7,5%.
La philosophie est donc bonne, mais c’est la position du curseur qui reste à déterminer exactement pour éviter d’élargir les indications du traitement médicamenteux à des personnes pour lesquelles le bénéfice du traitement hypolipémiant ne serait pas suffisant au regard de ses risques éventuels et du coût pour la société.

Quel est le traitement diététique de l’hypercholestérolémie ?

Le traitement diététique est un véritable traitement de l’hypercholestérolémie. Il ne s’agit pas d’un régime mais de la correction d’anomalies diététiques.
On parle de rééquilibration ou de correction des déséquilibres alimentaires ,car il ne s’agit pas d’un régime restrictif. Il s’agit avant tout de faire des modifications qui sont supportables au quotidien et à long terme.
Il faut réduire la surconsommation de graisse animales (poisson excepté) : la consommation de beurre en arrêtant de cuisiner au beurre (beurres végétaux ou huile) et en réservant une petite proportion de beurre par exemple pour le petit déjeuner ; il faut également réduire la consommation des autres graisses animales comme les charcuteries grasses (rillettes, saucisse, saucisson, pâté, lardons), ainsi que celle des fromages (en évitant d’en manger à tous les repas). Il faut par ailleurs augmenter la consommation de fibres à travers une majoration de la consommation de légumes, de céréales et de fruits, car ces fibres végétales réduisent l’absorption des graisses et donnent une bonne satiété. Il ne s’agit donc pas d’un régime d’éviction, il faut continuer à consommer des aliments qui contiennent des graisses d’origine animale, car ces aliments contiennent des éléments essentiels que le corps ne sait pas fabriquer, mais il faut juste en ajuster la consommation.
Beaucoup d’arguments plaident en faveur d’un « régime méditerranéen » riche en huile d’olive (huile « polyinsaturée »), mais ce n’est pas le seul. Il n’est pas non plus question de passer à un régime végétarien et si on aime le saucisson, on peut continuer à en manger, mais moins et moins souvent.

Quel est le traitement médicamenteux de l’hypercholestérolémie ?

Le traitement hypocholestérolémiant, et en particulier les statines, est beaucoup remis en cause, alors que les preuves de son efficacité sont colossales.
Récemment, cette efficacité des statines a été réévaluée au travers d’une analyse combinée de 27 essais thérapeutiques contrôlés regroupant plus de 174 000 personnes avec hypercholestérolémie. La réduction des événements cardiovasculaires majeurs obtenue pour une réduction de 1 mmol/l de LDL est de 15 à 20% quel que soit le sexe, et cette réduction du risque reste du même ordre, que le risque cardiovasculaire initial soit élevé ou faible. Les statines sont aussi efficaces chez les femmes que chez les hommes, et cela aboutit à une réduction de la mortalité toute causes confondues. Par contre, il n’a été observé aucun impact sur l’incidence des cancers ou la mortalité non-cardiovasculaire, et ce, pour les 2 sexes.
D’autres composés que les statines sont utilisables, mais leur niveau de preuve scientifique est beaucoup plus faible (fibrates), ou il s’agit seulement de traitements additifs, comme l’ézétimibe qui inhibe partiellement l’absorption intestinale du cholestérol. D’autres traitements sont en cours de validation dans les hypercholestérolémies à très haut risque comme les hypercholestérolémies familiales : il s’agit d’inhibiteurs sélectifs du PCSK-9, une enzyme impliquée dans la régulation du cholestérol.
Par ailleurs, la réduction du taux de LDL cholestérol jusqu’à un niveau de risque bas peut être obtenue avec n’importe quelle molécule, y compris avec un générique. Le seul vrai problème en France, c’est le prix des génériques de statines qui reste très élevé. Aux Etats-Unis, un mois de traitement par une statine générique coûte le même prix qu’un café dans une chaîne de café bien connue.

Cholestérol : VIVRE AVEC

A partir de quel âge faut-il faire doser son cholestérol ?

Deux grandes situations de dépistage du cholestérol sont pratiquées en France.

• D'une part, le médecin peut être confronté à l'hypercholestérolémie familiale hétérozygote, une maladie autosomique dominante. Cette anomalie génétique concerne une naissance sur 500 en France.
L'élévation du cholestérol est présente dès la naissance et les valeurs de cholestérolémie s'élèvent progressivement avec l'âge des patients et surtout, l’exposition cumulée dans le temps des artères à ce qui est souvent une hypercholestérolémie modérée mais précoce, impose une prise en charge plus stricte : il s'agit d'une maladie agressive pour les artères. Le dosage du cholestérol dans le sang doit être réalisé le plus tôt possible chez l'enfant et son traitement doit débuter le plus tôt possible. Des valeurs de cholestérol total supérieures à 1,80 g/l chez l'enfant de 10 ans sont considérées comme pathologiques.
Le repérage de ces enfants à risque en population générale est facile puisqu'il s'agit de familles où sont survenus des accidents cardiovasculaires précoces et où l’on trouve des élévations importantes du cholestérol plasmatique.
Chez ces familles, le dosage du cholestérol sera très régulier et la surveillance sera attentive à la recherche d'une aggravation des valeurs et de localisations de la maladie cardiovasculaire.
• Comme pour les autres facteurs de risque, la détermination du cholestérol chez l'adulte fait partie de la prévention des maladies cardiovasculaires. Tout adulte de plus de 18 ans doit bénéficier à un moment donné d'un bilan biologique lipidique complet. Cette prise de sang comportera le LDL-cholestérol, le HDL-cholestérol et les triglycérides.
Ce dosage sera répété tous les cinq ans en l'absence d'une anomalie ou plus rapidement si d'autres facteurs de risque apparaissent ou si une maladie intercurrente vient compliquer la prise en charge. Des valeurs de cholestérol total supérieures à 2,20 g/l chez l'adulte imposent une surveillance régulière auprès du médecin traitant.
Chez la personne ayant eu un accident cardiovasculaire, c'est souvent au cours de l'hospitalisation que le diagnostic d'hypercholestérolémie est posé. Il s'agit là d'une perte de chance manifeste et très dommageable pour l’avenir de la personne, puisque le traitement de l'hypercholestérolémie quelques années plus tôt aurait peut-être permis d'éviter cet événement vasculaire aigu.

Comment vivre avec une hypercholestérolémie ?

Vivre avec une hypercholestérolémie impose finalement peu de contraintes.
Il faut en premier rééquilibrer l’alimentation au profit d’une alimentation moins riche en graisses animales (sauf les poissons) et se méfier des régimes miracles. Le régime méditerranéen est très probablement un bon régime contre le cholestérol, mais il suffit de réduire la part des aliments d’origine animale (en dehors du poisson) pour ajuster son propre régime alimentaire. Il n’est pas besoin d’adopter un régime végétarien.
Il faut lutter contre le surpoids et la sédentarité, mais il n’est pas besoin de faire du sport : une simple activité physique de loisir pratiquée 2 fois par semaine suffira (marche, danse…).
Il faut également lutter contre les autres facteurs de risque qui peuvent être associés (hypertension artérielle, diabète et tabagisme surtout).
Enfin, il faut consulter son médecin traitant régulièrement. En cas d’hypercholestérolémie familiale, d’antécédents cardiovasculaires ou de diabète, il convient d’âtre surveillé plus étroitement et d’être plus exigeant sur les objectifs de la réduction de cholestérol dans le sang.

Cholestérol : PLUS D’INFOS

L’hypercholestérolémie en France

Dans la classe d’âge des personnes les plus exposées aux accidents cardiovasculaires (55 à 74 ans), 75% des hommes et 60% des femmes ont une cholestérol élevé, mais seule la moitié est traitée

Les liens de l’hypercholestérolémie

Le site de la Société Française de cardiologie qui donne accès au calcul de risque SCORE
http://www.escardio.org/Guidelines-&-Education/Practice-tools/CVD-prevention-toolbox/SCORE-Risk-Charts
Un calculateur du risque cardiovasculaire selon la formule de Framingham
http://cardiorisk.fr/
Un article de la revue médicale suisse en français sur les scores de risque
http://www.revmed.ch/rms/2010/RMS-264/Scores-de-risque-cardiovasculaire-pourquoi-comment-et-quand-les-utiliser

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Hypercholestérolémie familiale

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